Le royaume de feu
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Padmavati ne prétend pas faire œuvre historique, nous sommes avertis dès l’ouverture du film. Cependant Padmavati repose sur des faits historiques qui se sont déroulés au XIVe siècle : le mariage de Padmavati et du maradjah Ratan Singh du royaume de Chittor (Rajasthan), la prise de pouvoir d’Alauddin Khijli qui assassina son oncle et devint sultan à la place du sultan… Sa volonté d’étendre son pouvoir, son assaut de la ville de Chittor et l’immolation par le feu de la reine Padmavati avec les autres femmes de la forteresse.
Le reste est romancé à partir des chansons des bardes du Rajhastan. Padmavati s’inspire en particulier du poème épique Padmaavat du poète soufi Malik Muhammad Jayasi. Ce poème célèbre la gloire du courage des Raijputs, il ne faut donc pas s’attendre à une présentation complexe des personnages. Au contraire, c’est très simple. D’un côté il y a les bons, les Raijputs et de l’autre il y a les méchants : le sultan et ses sbires. C’est un combat entre le bien et le mal, comme l’explique la reine Padmavati aux femmes de la forteresse assiégée. Tout le film est bâti sur cet antagonisme. Ranveer Singh incarne un « méchant » convaincant et charismatique. Un véritable tyran, un fou à lier ! Son personnage n’a rien de caricatural. Les tyrans de l’époque contemporaine ont adopté des comportements proche du sien : impulsivité, idée fixe, folie, aucun code d’honneur, cruauté …
Le sultan est habité par une obsession, voir la reine Padmavati dont il a appris la beauté exceptionnelle et s’emparer d’elle. C’est pour elle qu’il assiège la ville, qu’il affame ses troupes au lieu de rebrousser chemin. Il est hanté par ce visage qu’il n’a pas vu et qu’il ne verra jamais ! Vainqueur de la forteresse grâce à sa traîtrise lors du combat en face à face avec le maharadjah, il pénètre à l’intérieur des murs et c’est alors une armée déterminée de femmes qu’il affronte. Plutôt que se rendre, elles l’accueillent en lui jetant des braises et en se jetant elles-mêmes avec courage et détermination dans le feu. Cela donne lieu à une séquence d’une grande beauté visuelle et d’une grande intensité dramatique. Il faut préciser que la pratique de l’immolation par le feu, ici, n’est pas la pratique du Sati : immolation par le feu d’une veuve, comme on le lit sur certaines pages d’internet, mais la pratique du Jauhar comme l’explique le film. Cette coutume était pratiquée par les femmes des guerriers Raijputs qui choisissaient de mourir ainsi plutôt que d’être déportées par les vainqueurs et de devenir esclaves. Les pratiques de Jauhar les plus célèbres ont justement eu lieu dans la ville de Chittor.
Le film offre deux belles séquences de danse. La première est celle de ghommar. Cette danse initiatique symbolisait le passage à l’âge adulte des femmes. Elle est dansée par Padmavati et un groupe de jeunes filles.
La deuxième est dansée cette fois-ci par le sultan et ses guerriers. Les paroles sont les paroles d’une chanson d’amour mais la danse elle-même n’a rien de romantique ! Elle est sauvage et elle a des accents guerriers.
Deux très belles séquences, deux climats très différents. Une danse tout en douceur, en délicatesse et en couleur mordorée et une autre tout en énergie brutale et en couleur sombre.
Padmavati est une perle du cinéma indien. Traversé par un souffle puissant et porté par de bons acteurs qui ne se livrent pas au surjeu comme c’est souvent le cas dans les films indiens, ce film nous plonge dans une époque de bravoure et nous offre un véritable festin visuel par ses costumes chatoyants et ses décors somptueux. Par contre les effets numériques sont plutôt moyens.
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Créée
le 27 déc. 2021
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