A travers le cas de Nino, le réalisateur Franco Brusati évoque le statut de l'immigré italien. Dans la proprette et sévère Suisse, telle qu'on l'imagine, Nino est serveur à l'essai dans un restaurant. La perte de son emploi fait de lui un clandestin.
Sur le mode de la comédie à l'italienne, c'est-à-dire entre dérision et amertume, toujours dans l'intention de sous-tendre une réalité moins cocasse qu'en apparence, Brusati montre les tentatives de Nino pour s'intégrer dans une société qui lui rappelle sans cesse, tant par sa mentalité que par sa législation, qu'il est un étranger. Le réalisateur joue d'abord de l'opposition culturelle, et même ethnique, entre l'austère Suisse, plutôt blonde aux yeux bleus, et l'expressif italien aux cheveux noirs.
Insensiblement, la comédie de moeurs se transforme en quête d'identité pour celui qui -dans une des séquences les plus drôles et aussi les plus aigres du film- prétend se faire adopter par son pays d'accueil
en se teignant les cheveux en blond!
D'une péripétie à l'autre, Nino Manfredi est parfait dans ce rôle de prolétaire italien pour qui le retour au pays serait un échec désespérant. D'une forme comique qui tire par instants vers une loufoquerie étrange, le film n'en est pas moins très significatif relativement à la condition du travailleur immigré.