Païsa constitue le deuxième segment de la trilogie de la guerre rossellinienne, entre Rome ville ouverte et Allemagne année zéro. Deux films qui se déroulaient dans une ville (Rome ici, Berlin là) tandis que Païsa se déploie à l’échelle de l’Italie toute entière, des plages de la Sicile jusqu’aux rives du Pô, en passant par Naples, Rome, Florence. Sa grande particularité c’est sa construction narrative. Dans la continuité de Rome ville ouverte qui de par ses multiples personnages et situations s’ouvrait dans une dimension sinon chorale, quelque peu éclatée, Païsa sera un recueil de six films (On pourrait même dire six courts-métrages de vingt minutes chacun) ou six chapitres, dans la pure tradition du film à sketchs ; six histoires reliées par la réalité historique (le débarquement des troupes alliés) mais complètement indépendantes une fois appréhendées sous l’angle fictionnel.
Chaque petit film dans le film est plus beau, plus fort que le précédent. Les six films se ressemblent puisqu’ils abritent chaque fois une rencontre, mais diffèrent complètement dans le genre qu’ils s’approprient, leur tonalité dramatique ou leur construction narrative (le troisième segment utilise même l’ellipse et le flashback). Pourtant, ces six histoires participent d’un même élan et sont assemblées entre elles par une transition off évoquant les progressions alliés (on remonte l’Italie) accompagnées d’images documentaires. On ne peut faire plus néo-réalisme italien que Païsa, de Roberto Rossellini. J’ai trouvé ça immense. Et ça me surprend d’autant plus que c’est un format pour lequel je suis assez hermétique habituellement. Mais là c’est tout le contraire, je veux autant revoir le film en son entier que piocher un chapitre ici ou là. Grosse claque.