Le pape du néo-réalisme parle
Le pape du Néo-réalisme persiste et signe. Autant j’avais moins aimé le premier volet serré dans un contexte d’Italie d’après guerre qui sert de décor à une démonstration plus mélo que Néo, autant je trouve que celui-là arrive à un équilibre « instable » entre fiction et réalité figé, consolidé par le moment historique qui donne sa substance au film. Et c’est intellectuellement très intéressant. Des histoires vraies ou fausses, qu’importe, romancées, banales, triviales, peut-être. La relation entre le réel et la fiction est difficile à dénouer d’autant plus que tout est filmé dans les ruines de Rome en pleine débâcle militaire, à Naples en plein débarquement allié... Les histoires racontées sont trop courtes pour nous laisser le temps de penser à autre chose. Six histoires qui narrent le triple choc culturel Italo-américano-débâcle allemande. C’est une leçon d’histoire, d’actualité et de fiction mêlés comme on le voit très peu sur grand écran, c’est un bon compromis entre documentaire et romanesque. C’est très bien imaginée, et le fond et la forme sont relégués au second plan, le plus important c’est le message. Histoires simples et exemplaires, un œil aiguisé, et un minimalisme revendiqué, une pauvreté assumée, des acteurs amateurs, lumière naturelle, des défauts visibles. On peut parler d’art qui se fait au bon endroit au bon moment, impossible à refaire en studio, on verrait l’artifice qui cherche à imiter le réel. En partant de cette femme qui se sacrifie, ce GI noir qui se fait voler ses bottes, ces trois aumôniers qui eux aussi forment un triple impact culturel : le catholique, le juif, le protestant, en partant de la désillusion d’une histoire d’amour avorté, pour finir par un crime de guerre, on peut supposer qu’il y en a eut beaucoup…. Il part de l’Italie et arrive à une dimension universelle. Film conscient et pertinent, pour tous ceux qui s’intéressent au cinéma d’auteur, révolutionnaire et d’époque.