Le film, qui se déroule, en 1997, dans l’aciérie Ilva à Tarente (Pouilles), la plus importante d’Europe, aborde un sujet intéressant, réel et peu évoqué au cinéma : le burn-out, non pas par excès de travail mais par absence. Ici l’aciérie, pour diminuer sa masse salariale, confine 79 cadres (ingénieurs, informaticiens) dans le bâtiment LAF (traduction du titre), comptant sur leur ennui et leur lassitude pour les pousser à démissionner ou à accepter un emploi sous-qualifié. La trame narrative est construite autour de 2 personnages, brillamment interprétés, Giancarlo Basile [Elio GERMANO, méconnaissable et vu dans « La nostra vita » (2010) de Daniele Luchetti, « Leopardi : il giovane favoloso » (2014) et « Je voulais me cacher » (2020) de Giorgio Diretti], directeur retors du personnel et Caterino Lamanna (interprété par le réalisateur lui-même, méconnaissable également), ouvrier sans conscience de classe (lumpenprolétariat) qui accepte d’être le mouchard du patronat au sein du bâtiment LAF, en échange d’une voiture de fonction (Fiat Panda !) et d’un meilleur salaire. Si le problème de la sécurité au travail est abordé (le film débute par les obsèques d’un ouvrier, la 6e victime d’un accident à l’aciérie), celui de la pollution provoquée par l’usine est à peine évoqué (mort d’un mouton) et la fin (procès de l’entreprise à la suite d’une visite d’une inspectrice du travail) reste trop fidèle à la réalité, sans aspect mélodramatique.