Une prière après le pillage. Une supplique qui demande qu'un miracle s'accomplisse.
Pourtant, la ville sous contrôle est là, éternelle. Tout comme ces regards, en chiens de faïence, et le passage à tabac. Mais Il arrive. Il corrige les petites frappes pour mieux s'en aller. Car Il dit qu'Il n'est que de passage.
Il apparaît comme dans les récits bibliques, ou dans les légendes païennes. Tandis que les stigmates dans son dos, silencieux, disent cependant qu'Il est revenu de l'autre côté.
Il possède mille visages : celui de l'étranger taiseux, du cavalier, du sauveur, du combattant, du pistolero ou encore celui de l'homme de Dieu.
Les motifs du western sont tout aussi éternels : l'exploitation, les hommes de main envoyés pour faire pression, les filons soit disant taris, le puissant qui fait régner la terreur, la communauté oppressée... Rien ne manque et le classique semble poindre dans le ronron mécanique du train qui s'arrête en gare.
Sauf qu'Il est là. De son regard noir et profond, sortant de l'ombre prospérant sous son chapeau, il défie et déstabilise les puissants. Il redonne espoir, souffle sur les braises de la résistance et fait se soulever les derniers prospecteurs.
Vu à travers les yeux de la jeune Mélanie (en VF), Il est l'absolu, l'éveil du désir et aux sentiments qui tourmentent, avant de lui dire, dans un accès de jalousie juvénile, qu'Il peut bien aller en enfer. Quant aux yeux de Sarah, ils s'éclairent et le couvent. Avant de lui dire la vérité, pour mieux ensuite y renoncer. Il fait naître l'amour mais n'y cède pas. Comme s'Il n'était que désincarnation.
Mais Il est là. Dans un western fantastique, un poil écologique par instants, aux accents allégoriques. Où les excès de la fièvre de l'or et une ultime danse sanglante se chargent de décourager toute forme d'opposition. Impassible, semblant se dématérialiser plus souvent qu'à son tour dans un duel final incroyable, Il est partout. Surnaturel, défiant la raison, la réalité et les six longs manteaux des sbires d'un shérif aux ordres, qui voit une ombre de son passé fouler la terre de la ville.
Son amour d'un genre considéré à tort comme moribond transpire de sa mise en scène classieuse et classique. Son personnage magique surplombe un film qui l'est lui-même. Et Il magnétise une dernière fois la caméra avant de partir comme il était venu. Accompagné par les échos de la voix de sa jeune amoureuse ricochant à flanc de montagne enneigée.
Il est là, dans la mystique du personnage mutique qu'il a créé. Eternelle, comme ce genre qu'il célèbre à nouveau avec Pale Rider.
La légende est en marche.
Behind_the_Mask, boy in La Hood.