Ce titre d'un film de Bruno Dumont (accessoirement un County de la Californie) pour parler des palmiers qui sont l'enjeu d'une amitié fugace entre Sebastian, notre héros de 17 ans, et une garçon plus jeune, 12 ans qui vend des noix de coco à ses heures perdues.
Sebastian est temporairement installé au Palma real motel, pendant l'hospitalisation de son oncle. Le motel est calme, il n'y a rien à faire de consistant, et Sebastian traverse la route pour engager la conversation avec un jeune vendeur de coco, se fait plus ou moins volontairement rouler par lui, dans l'optique d'étoffer un peu cette relation...
Le motel est un motel de passe loué à l'heure, cependant le jeune Sebastian malgré son jeune âge est relativement indifférent aux émois que les soupirs et gémissements pourraient susciter. Au contraire, il s'ennuie, et pour combler toutes ces heures "mortes" (titre original du film), il s'attèle aux tâches ménagères et à l'intendance, en prenant des responsabilités bien trop importantes pour ses jeunes épaules.
En parallèle, nous suivons les pérégrinations de Miranda, une cliente du motel qui semble vivre sa vie sans grande conviction : un boulot d agent immobilier qui ne semble pas la passionner outre mesure, un amant marié et velléitaire qui lui procure du plaisir et dont elle n'attend vraiment rien d'autre. Miranda semble seule, esseulée, et les lapins répétés de son amant leur donnent l'occasion, à elle et à Sebastian, de se rapprocher.
Cette histoire sentimentale (et sexuelle) est cependant assez marginale dans le récit , et rend l'ensemble un peu vain, tant Aaron Fernandez manque de parti pris dans la direction qu'il souhaite prendre. Certes, il installe une belle ambiance en étant à l'écoute de ses personnages, en les laissant de la place pour exister, et on arrive à bien les cerner. Mais en revanche, l'interaction entre eux manque un peu d'énergie, de corps, et on reste le plus souvent sur le bord du chemin. A force de faire des saynètes un peu anecdotiques, le film lui-même devient anecdotique.
Seules quelques minutes du film apportent une véritable émotion, quand par exemple Sebastian reçoit une énième candidate pour le poste de femme de ménage : une femme , très jeune comme lui, qui réussit à lui extirper un vrai sourire, ou encore la première conversation sous la pluie de Veracruz, entre Miranda et Sebastian, un vrai moment de grâce mélancolique.
Un film prometteur, car porteur d'une vraie ambiance, mais inabouti et un peu maladroit...