Comme cela arrive souvent, le titre original traduit bien mieux le sens (et l’essence ) de ce film mexicain singulier. Los Horas Muertos, « les heures mortes » en français. Et c’est bien le cas ici. Pour gagner un peu d’argent, Sebastian, 17 ans, accepte de s’occuper du motel de son oncle, pendant les vacances de celui-ci. Et dans cet endroit isolé de la côte, il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est tuer le temps en travaillant doucement. Il y a d’emblée un paradoxe dans le choix de narration et de point de vue adopté par Aaron Fernandez. Le motel est le lieu de rendez-vous d’amants illégitimes mais ceux-ci sont peu nombreux en cette saison, et surtout de leurs ébats nous ne verront rien ou presque.

Le cinéaste montre autre chose, l’envers du décor, créant une sorte de mise en abîme. Le Palma Real Motel est un lieu de passion et de sexe, mais pour nous, spectateurs du film, c’est un endroit que l’on observe à travers les yeux d’un personnage qui observe de l’extérieur tous ces va-et-vient. Mais attention, Sebastian n’est pas voyeur, juste un jeune homme forcé d’être responsable à un âge où on ne l’est normalement pas. Que fait-il ? Il travaille et sérieusement en plus. Le cinéaste mexicain a le discours social subtil : dans ce milieu, les jeunes gens sont forcés d’être rapidement adultes. Et d’ailleurs, en face du motel, un garçon encore plus jeune, vend des jus de noix de cocos à même le fruit, un travail long et pénible. Pas le temps de s’amuser, d’avoir des amis, d’aimer.

Palma Real Motel ne pourrait être que cela, un film qui tue le temps à travers un regard réaliste empreint de douceur. Mais dans cette contemplation de deux mondes finalement opposées, Aaron Fernandez va distiller progressivement un peu de romanesque, voire de romance dans son histoire. Dans le Motel, nous rencontrons Cécilia une trentenaire un peu fleur bleue (le contraire de Sebastian) qui retrouve ici son amant, un homme marié. L’histoire tourne finalement court et Cécilia se retrouve là, à attendre des heures, le retour hypothétique de l’être aimé. Avec elle, Sebastian va trouver une complice d’attente et d’observation. Et petit à petit, un lien plus proche et plus ambigu va se créer entre eux ; jusqu’à ce que ce drôle de couple franchisse les portes d’une chambre et passent de l’autre du côté du décor et de l’histoire. Dans ce film modeste et sincère, Aaron Fernandez ne parle pas d’un amour impossible ou d’une passion avortée, sujets archi-rabattus, mais juste d’une petite parenthèse qui survient simplement où deux opposées se rencontrent furtivement et se quittent simplement. Pas de pathos, mais un vrai sentiment de justesse et de vérité.
denizor
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le 6 août 2014

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denizor

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