À croire que les films sur la colonisation/décolonisation sont vraiment à la mode. L'Espagne s'offre également un mea-culpa sur l'une de ses colonies : la Guinée (a.k.a. Guinée équatoriale).
J'ai toujours adoré les films espagnols. Ils arborent toujours une atmosphère particulière que je trouve presque dépaysante. Ajoutez à cela l'aspect chantant de la langue, combo gagnant, bien que mes restes de secondaire ne me permettent hélas pas de me passer de sous-titres.
À propos de la réalisation, c'est bien foutu. Cependant, c'est loin d'être fou. Sobre et efficace, on voit très vite que la beauté vient principalement des paysages verdoyants du pays. Après tout, quand on parle d'asservissement et de maltraitance, on ne peut pas faire le foufou non plus. Mais, en attendait-on vraiment plus ?
La palette d'acteurs, que je ne commenterai pas vu mon inculture dans le cinéma de nos voisins ibériques, peut se vanter d'offrir une prestation très honorable. L'expression des émotions et la qualité de leur jeu sont louables, si ce n'était le dernier point.
Hélas, nos palmiers se perdent dans la neige d'un scénario qui, comme j'aime à le dire, a le cul entre deux chaises. Alors que "12 years a slave" en devient presque impossible à regarder tant il est dur et poignant, ici il y a un manque d'enfoncement du clou.
Le film nous raconte l'époque de transition entre la gouvernance espagnole de la Guinée et son indépendance, sur fond d'une quête familiale peu crédible. "Papa envoyait de l'argent là-bas, je veux savoir pourquoi". D'accord, après tout pourquoi pas. Cependant, cette quête du personnage officiellement principal, mais qui se révèle plus que secondaire, est totalement superflue et n'apporte rien d'intéressant sur le fond.
Si le but était de montrer la douleur de la Guinée sous le joug hispanique, le coup est dans l'eau. Jamais, je ne me suis senti attrapé aux viscères pour ces pauvres bougres. Il y a certes des scènes qui pinceront la corde sensible, mais rien de transcendant. Pire encore ! On en vient presque à prendre en pitié le mauvais côté du fouet, lorsque de pauvres espagnols bien malheureux sont expulsés de force par ces méchants guinéens. Les pauvres, vraiment. Que penser alors ?
In fine, on passe un moment sympathique pour le peu que l'on surpasse les lenteurs du scénario ou les incohérences qui nous tombent un peu là. Je veux dire, le film s'octroie même la fameuse scène de sexe torride au milieu, souvent gage des films médiocres, pour essayer de relancer un peu l'intérêt du spectateur. Bel effort, mais aurait pu/dû mieux faire.
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