Feel Safe.
Beaucoup le savent, mais le répéter ne fera de mal à personne : Joe Dante est un homme indispensable au cinéma. Orfèvre de l’image, inventeur fou, enfant éternel, c’est une créature en jubilation...
le 3 déc. 2014
69 j'aime
4
Le Festival 2015 de Strasbourg reçoit comme invité d'honneur Joe Dante, et une rétrospective lui est consacrée, l'occasion de voir ou revoir en salles GREMLINS 1 & 2, L'AVENTURE INTÉRIEURE ou encore HURLEMENTS. Mais c'est également l'occasion assez rare jusque-là de découvrir dans une salle ce qui est certainement le long-métrage le plus abouti de Dante, long-métrage quasiment invisible pendant de nombreuses années avant une sortie DVD confidentielle aux USA en 1998. Ce film est de 1993, et c'est PANIC SUR FLORIDA BEACH.
PANIC SUR FLORIDA BEACH aka MATINEE, du nom de ces séances destinées aux enfants des années 1950-1960, où les kids américains pouvaient passer des après-midis entières au cinéma, à voir films, cartoons et autres programmes destinées à la jeunesse. Comme souvent chez Dante, on croise dans son film beaucoup de références aux séries B de SF des 50's, mais ici l'histoire prend un tour un peu plus autobiographique et personnel pour le metteur en scène. En effet, le métrage narre la rencontre d'un gamin, un peu solitaire (sa famille déménage très souvent à cause des obligations professionnelles du père militaire) et passant presque tout son temps à voir des films d'horreur et de monstres au cinéma, avec Lawrence Woolsey, producteur et « show-man » dans le monde de la série B d'horreur, présentant son tout nouveau film « Mant ! », le tout se déroulant pendant la crise des missiles de Cuba en 1962, dans la petite ville de Key West cédant peu à peu à la panique.
Pauvre Joe Dante… Son film le plus méconnu est très certainement le plus réussi. Rendant hommage au cinéma de son enfance tout en s'éloignant un peu de ses genres de prédilection (horreur et SF), il nous livre un petit bijou de comédie attachante, drôle, mais aussi nostalgique et mélancolique sur une Amérique perdant peu à peu son innocence, à la veille de l'assassinat de JFK et de l'offensive américaine au Vietnam.
Jouant constamment sur la frontière entre réel ou imaginaire, en particulier lors de la séance du film dans le film « Mant ! », le long-métrage évoque la puissance de fascination et d'immersion du 7ème Art, manière pour les adolescents américains d'échapper un moment à la vague de peur et de paranoïa qui secoue la petite ville de Key West. Il est également l'occasion de découvrir un John Goodman littéralement ébouriffant, dans ce personnage de producteur excentrique, mégalo, à mi-chemin entre Alfred Hitchcock et Orson Welles, mais évoquant surtout William Castle, cinéaste beaucoup moins connu, réputé dans les 50's pour avoir réalisé des séries B d'horreur et mis au point des procédés dans les salles de cinéma afin de surprendre le public et assurer le succès de ses œuvres.
En bref, une très belle œuvre de cinéma, mais surtout un très beau film sur le pouvoir du cinéma et de l'imaginaire ; un petit bijou encore trop peu méconnu.
NB : pour une analyse poussée de MATINEE, je vous invite à découvrir cette présentation du film par le critique-historien de cinéma Jean-Baptiste Thoret https://www.youtube.com/watch?v=rHm1z9gD8GY
Texte à lire également sur http://www.critique-film.fr/critique-panic-sur-florida-beach/
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mad Movies : la liste ultime ! et Hallucinations Collectives - l'intégrale
Créée
le 24 sept. 2015
Critique lue 470 fois
7 j'aime
D'autres avis sur Panic sur Florida Beach
Beaucoup le savent, mais le répéter ne fera de mal à personne : Joe Dante est un homme indispensable au cinéma. Orfèvre de l’image, inventeur fou, enfant éternel, c’est une créature en jubilation...
le 3 déc. 2014
69 j'aime
4
Près de trois ans après le semi-échec du pourtant délirant Gremlins 2, le cinéaste Joe Dante revenait sur les écrans géants avec ce projet ô combien personnel, mais qui ne connaîtra malheureusement...
Par
le 19 avr. 2015
39 j'aime
3
Mâtin, quel film étrange ! Premier paradoxe: on est persuadé d'assister à un film des années 80 (années de naissance artistique du Joe Dante), et on est donc étonné d'être passé à côté à l'époque (en...
Par
le 26 juin 2011
35 j'aime
3
Du même critique
Enfin, enfin ! EN-FIN !! Je l’ai trouvé, je l’ai acheté, elle est entre mes mains, ça y est !!! Après moult recherches dans les bacs à soldes et autres Cash Converters, je suis enfin en possession du...
Par
le 19 août 2016
13 j'aime
Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. En effet, alors que l’on ne cesse de louer la diversité du cinéma français, il arrive encore aujourd’hui que des projets sortant des rails...
Par
le 8 oct. 2015
12 j'aime
Les lumières de la ville se reflètent sur mon taxi en cette nuit pluvieuse. Autour de moi et mon véhicule, gravite toute cette population grouillant dans la mégapole ; parmi toute cette faune,...
Par
le 11 mai 2017
10 j'aime