Outre celui de trouver des échos avec notre crise sanitaire actuelle, ce qui nous permet de nous projeter aisément dans cette peur qui envahit les personnages en proie à la peste pulmonaire et de nous identifier un peu à eux, Panique dans la rue nous procure l’inusable plaisir du suspens, condition sine qua non d’un bon film noir.
De film noir il s’agit donc, avec toutefois un étrange mélange des genres qui, avouons-le, a bien du mal à prendre : cette maladroite présence familiale et les problèmes économiques ne cadrent pas du tout avec l’intrigue principale – certes, cela permet de montrer un protagoniste privilégiant l’intérêt commun aux problèmes personnels, toutefois cela reste assez mal amené; par ailleurs, le fait que le fléau s’immisce chez les voyous, et qui plus est chez des criminels ayant assassiné le « patient zéro » nous semble assez gros, le but principal étant de tourner à tout prix un film noir.
Grâce à cela, le spectateur découvre néanmoins un sacré Jack Balance dont le visage anguleux, les traits taillés au couteau et la gueule de boxeur siéent parfaitement au film. Richard Widmark, lui, convainc moins que dans les forbans de la nuit ou la femme aux cigarettes. Kazan commence timidement à se trouver, par exemple à travers la présence des médias comme pouvoir à part entière (voir un homme dans la foule ou le mur invisible) ou le dévoilement d’un monde caché qui gouverne dans l’ombre et dans l’ignorance du peuple.
6.5/10