Une comédie hilarante qui a un peu de mal à démarrer
Après les récents succès au box-office de Supercondriaque, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? et La famille Bélier, en passant par Fiston et Babysitting, autant dire que la comédie française est plutôt au beau fixe ces derniers temps (il n’y a qu’à voir les années précédentes Bienvenue chez les Ch’tis et Intouchables). Maintenant que l’année 2015 est (bien) entamée, il nous tarde de voir quels seront les nouveaux titres nationaux qui sauront faire rire à gorge déployée. Et cela commence à avec Papa ou Maman, écrit par les auteurs à qui nous devons Le Prénom, de quoi attiser notre curiosité. Mais est-ce une réussite pour autant ?
Autant le dire tout de suite, le concept même de Papa ou Maman est, dès la lecture du synopsis, tordant au possible, annonçant une bonne heure et demie de rigolade. En effet, de ces parents qui font tout pour dégouter leurs enfants pour ne pas en hériter la garde après le divorce, nous nous devons d’avoir des vacheries dignes de ce nom. Un véritable enchaînement de séquences hallucinantes rimant avec humour noir, délire à tout-va bon enfant et assumé. À voir la bande-annonce, le pari semblait gagné d’avance, pour notre plus grand plaisir (coupable ?). Résultat des courses ? Eh bien c’est réussi, non sans accros.
Dès que les parents cherchent à annoncer leur divorce aux enfants (ou du moins dès qu’ils y parviennent), Papa ou Maman devient un festival de gags et autres situations farfelues les plus hilarantes que nous espérions voir dans ce genre de comédie. Tout un lot de séquences servies par des acteurs investis à fond qui s’éclatent comme des gamins (le couple Laurent Lafitte/Marina Foïs est un régal) et des répliques plutôt cinglantes. Sans oublier la mise en scène du réalisateur Martin Bourboulon (dont c’est le premier long-métrage), qui use bien souvent de plans séquences permettant ainsi d’apporter bien plus de dynamisme à un film qui en possède déjà. Rien à dire donc sur la puissance comique de Papa ou Maman, qui se présente sans aucun doute comme l’une des comédies les plus mémorables de l’année, alors que celle-ci ne fait que commencer. Pas loin de 45 minutes de moments tordants assurés, vous pouvez donc vous plongez dans une salle de cinéma sans problème, vous rirez à coup sûr de bon cœur !
Où est donc le bémol dans ce cas ? Si vous avez bien lu le paragraphe précédent, il est fait état de 45 minutes de franche rigolade. Oui, mais sur 1h25 de film. Faites donc le calcul vous-même : le long-métrage Papa ou Maman n’est malheureusement pas hilarant sur toute sa durée. Et pour cause, avant d’arriver à la partie tant attendue qui vous procurera plusieurs orgasmes zygomatiques, il faudra d’abord passer par une mise en situation, une introduction qui prend un peu trop son temps pour présenter les personnages, leur situation, leurs enjeux. Soit 30 minutes où l’on attend un peu trop tranquillement que la comédie démarre véritablement, nous obligeant pour le coup à regarder des séquences finalement dispensables et/ou qui s’étirent à l’excès (la toute première scène à la fac, bien trop longue) tout en arrivant à placer bon nombres de passages certes drôles mais qui n’ont pas la puissance des autres situations que nous réserve le long-métrage. Dommage également que Papa ou Maman doit se coltiner le gros défaut attitré au genre de la comédie, à savoir une baisse de régime lors du dénouement qui se traduisant par une perte considérable de la puissance comique de l’ensemble. Ici, cette dernière est des plus flagrantes, et cela au profit de passages émotionnels pas vraiment convaincants et quelques délires « cartoonesques » de trop ([spoiler]le hamster[/spoiler]) certes rigolos mais qui ne semblent pas avoir leur place dans ce film. Un final donc fait à la va-vite car il fallait trouver une conclusion à tout cela. Enfin… jusqu’à ce que l’annonce d’une suite à ce Papa ou Maman commence à pointer le bout de son nez dans les médias…
En conclusion, malgré des minutes gâchées par quelques longueurs et égarements, Papa ou Maman mérite amplement le Prix du Public lors du dernier Festival de l’Alpe d’Huez qui récompense principalement la comédie française chaque année. Un titre tout bonnement justifié par la générosité grinçante, mordante et surtout tordante qu’offre le film de Martin Bourboulon, garantissant à coup sûr un agréable moment de détente qui sera toujours aussi plaisant de voir et revoir. Et offrant surtout une image plutôt farfelue du divorce, alors que d’autres comédies sur le même sujet se sont cassées les dents.