Dream on.
Etrange film que ce "Paperhouse", premier essai cinématographique de Bernard Rose, futur metteur en scène de "Candyman". Remarqué au festival d'Avoriaz où il reçut le grand prix de l'étrange, le film...
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le 14 mai 2013
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Je n’avais vu jusque là que deux films de Bernard Rose : Candyman, une merveille, et Two Jacks, un navet totalement amateur, vu faute de mieux au Marché du film, lors d’une des éditions du Festival de Cannes. Difficile pour moi ce concevoir que les deux aient été réalisés par la même personne.
C’est pour ça que, bien que Candyman soit l’un des films d’horreur qui m’aient le plus marqué, je n’ai jamais vraiment exploré la filmographie de Bernard Rose, dont les genres et la qualité des réalisations semblent avoir été tout à fait variables.
Mais il y a Paperhouse que je devais voir, un des bons apparemment, et le seul film restant qui m’intéressait vraiment, de la part de ce cinéaste.
Atteinte par la fièvre, une fillette fait une série de malaises et de sommes, durant lesquels elle se retrouve, en rêve, dans une maison qu’elle a dessiné. Elle peut ajouter des éléments à son dessin, mais sans pouvoir y retoucher, de sorte que chaque erreur est indélébile, et se retrouve reproduite dans ses rêves. Plus l’héroïne est fiévreuse, plus ses rêves tournent au cauchemar.
Je me rends compte que j’ai vu peu de films d’horreur/fantastiques Anglais, mais il y a vraiment une identité propre à ce pays ; par rapport au cinéma Américain, les concepts sont plus étranges et originaux. Celui de Paperhouse me rappelle très fortement Dream demon, sorti la même année, qui parlait aussi de rêves qui se mêlaient à la réalité.
Pour ce qui est de l’ambiance, j’ai d’abord retrouvé quelque chose de semblable à Candyman : une ambiance très mystérieuse, oppressante, et captivante.
La sensation que quelque chose de grave plane au-dessus des personnages, sans qu’on sache quoi. La musique et les bruitages exercent un fort pouvoir, créant un inconfort par des effets étranges : sons plus présents qu’ils ne devraient, ou dotés d’un écho qu’ils ne devraient pas avoir.
Les sonorités m’évoquent fortement les musiques de plusieurs Nightmare on Elm Street, avec ces bruits non-identifiables qui ont quelque chose d’onirique et d’inquiétant. Une BO co-signée Hans Zimmer, avant qu’il ne se consacre qu’aux blockbusters.
En revanche, certains choix de musique sont curieux (et je viens de voir que le premier morceau à m’avoir troublé, celui dans la séquence en voiture, a été composé par Bernard Rose… ceci explique cela). La musique est parfois un peu en décalage avec les scènes, et plus généralement j’ai quand même trouvé la BO trop présente.
Mais les principaux atouts du film, ce sont sûrement ses décors et sa photographie, qui donnent des images sublimes, qui ressemblent à des peintures surréalistes. On retranscrit dans le réel des dessins d’enfant, et toutes leurs imperfections.
Ceci étant dit, une fois l’émerveillement du début passé, le film traîne : plusieurs séquences de rêve n’apportent pas grand chose de nouveau, et l’intrigue avance lentement.
Au bout d’un moment, je n’ai vu dans l’aspect fantastique de Paperhouse qu’une allégorie de la maladie (on entend des voix, on fait des cauchemars… comme avec n’importe quelle fièvre).
J’ai été déçu à partir de ce moment-là, et les phases d’hystérie, avec une musique qui semble présenter un grand danger, m’ont parues disproportionnées par rapport à la réalité de ce qu’il se passait. Et le fait que la mère suive la fillette dans sa folie m’a paru absurde.
Ce n’est pas comme dans, justement, Les griffes de la nuit, où on a des preuves tangibles que les rêves présentent un vrai danger dans le réel, ce qui justifie que les personnages prennent ça autant à cœur.
La menace n’intervient qu’après, mais là encore, on constate qu’elle ne présente aucun danger réel.
J’ai fini par m’ennuyer, même quand le film part en couille, dans les 30 dernières minutes. Il y a dans un premier temps le cauchemar qui devient over-the-top, et par la suite je ne parviens pas un tirer un sens et une quelconque cohérence de tout ce qui se passe.
Il y a de bonnes idées dans Paperhouse, mais j’ai été assez déçu, malgré un très bon début.
PS : je ne sais pas si c’est moi qui hallucine ou non, mais j’ai eu l’impression que la vue de la fenêtre de la chambre est une image à plat… la perspective me semble bizarre.
En revanche, je suis content de voir que je n’avais pas imaginé le décalage de son lors des répliques de la mère : l’actrice, Américaine, a dû doubler toutes ses répliques avec un accent Anglais !
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Créée
le 2 nov. 2016
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