Adapté du roman éponyme de Yasutaka Tsutsui, Paprika est une œuvre singulière magnifique, un chef-d'œuvre de l'animation asiatique qui va parcourir le temps sans sourciller. Avec son scénario complexe et inspiré, partiellement novateur et totalement empreint à une vision onirique du futur, le film de Satoshi Kon s'avère être un trip visuel aussi captivant que déconcertant. Car Kon aime briser les règles de la logique dans ce thriller baroque teinté de science-fiction où se mêlent conspirations, technologie avancée et aventures somatiques...
Après Perfect Blue, Millennium Actress et Tokyo Godfathers, le réalisateur japonais continue de confondre l'irréel et le concret sous des influences évidentes de Philip K. Dick, David Cronenberg Terry Gilliam. Son ultime film est donc forcément déroutant mais terriblement accrocheur et ce, dès les premières minutes. L'aventure se déroule dans la réalité, dans les rêves, dans l'imaginaire et le tout possède une cohérence à toute épreuve. De plus, le long-métrage étale de nombreuses références cinématographiques qui s'entrechoquent pour nos beaux yeux de cinéphiles, de Bons baisers de Russie à Tarzan en passant par Vacances Romaines de William Wyler.
Des références magnifiquement mises en scène dans cet univers décalé au possible aux allures de clip gigantesque. D'un point de vue graphique, le style de Satoshi Kon est conservé, mettant en image tout ce que l'animation peut accomplir a contrario du live, rendant possible ce qui est impossible. Des corps se scindant en deux, des mains parcourant littéralement la chair, des envolées célestes dans l'esprit humain, des objets inanimés déambulant dans les rues (à travers une cultissime séquence de parade emmenée par la somptueuse musique de Susumu Hirasawa)... Bref, Paprika est un film singulier, visuellement époustouflant, scénaristiquement bluffant, qui entraîne le spectateur dans un monde surréaliste passionnant dont on ne ressort pas indemne. Une beauté nippone subjuguante et un nouveau chef-d'œuvre pour son réalisateur.