Lorsque je pense à Paprika, du regretté Satoshi Kon, mon cœur bondit de joie.
Cela m'évoque un film profond et complexe, tout en étant limpide et passionnant.
Limpide et complexe sont deux mots qui pourrait être opposés, mais qui pourtant s'associent parfaitement ici (comme ombre/lumière, vie/mort, homme/femme... en référence à la fin pour ceux qui l'ont vu).
En effet, l'intrigue peut paraître complexe dans ses détails (il faut suivre, au risque d'être vite perdu), mais s'avère finalement limpide lorsque l'on a tous les éléments.
Paprika m'évoque aussi un début tonitruant, sur une musique entraînante, en parfait adéquation avec le personnage pétillant et attachant qu'est Paprika.
L'ouverture du film est magistrale. Elle nous plonge sans ménagement dans l'univers déjanté de Satoshi Kon. Le générique qui suit, sur cette musique fabuleuse de Susumu Hirasawa , est pour moi l'un des meilleurs du cinéma. Il donne le ton, nous présente Paprika, et son double Atsuko (ou est-ce l'inverse?), et nous signifie que rêve et réalité vont s'entremêler. Ce qui nous demandera un effort de concentration pour essayer de différencier les deux, car nous serons logés à la même enseigne que les personnages.
L'univers de Satoshi Kon est particulièrement riche. Il nous en met plein les yeux ici. Chaque image déborde de détails que l'on a envie de prendre le temps de disséquer.
C'est une prouesse artistique, aussi bien visuelle que sonore.
Le scénario est brillant. Ce concept de rêves partagés était un peu déroutant à l'époque, Inception ne devant sortir que 4 ans plus tard. Il démontre toutefois le génie novateur du Monsieur, dans la cohérence et la maîtrise des choses. Il y a eu un avant et un après Satoshi Kon.
On reconnaît bien sa patte graphique.
Il aime ça nous mettre des baffes le Kon. 7 ans après le fabuleux Perfect Blue, Il nous en mettait une autre avec sa délicieuse Paprika.
On pourrait le voir et le revoir sans risquer de brûlure d'estomac (ou d'hémorroïdes, selon la sensibilité de chacun...).
J'ai mis 16 ans pour le revoir, et je sais que c'est un tort.
Pourtant, il était encore bien frais dans mon esprit: le début, le défilé dément, les poupées, le véritable méchant, la musique, l'animation, les images, et bien sûr, SURTOUT, le personnage de Paprika, craquante à souhait, que l'on a envie de croquer !
Quelle honte que l’œuvre de Satoshi Kon n'ait bénéficié que d'une exposition misérable au cinéma sur notre sol. Seuls deux de ses films sont sortis sur nos écrans à leurs époques respectives. L'un ayant fait 56000 entrées environ (Perfect Blue), et l'autre à peine 35000 entrées (Paprika).
Maintenant qu'il est mort (depuis 12 ans déjà), ça va être dur de se rattraper !
On a toujours été à la ramasse en France. C'est bien triste...
Paprika est donc un film délicieux et fabuleux, qui donne des frissons de plaisir et de bonheur.