A la manière de "Ghost in the Shell", "Paprika" nous confronte à un scénario tellement complexe, vertigineux et, pour tout dire, incompréhensible (peu d'éléments rationnels auxquels se raccrocher...), que nous ne pouvons être que déroutés par le dernier Satoshi Kon, qui nous avait habitués dans ses chefs d'oeuvre antérieurs - et même dans le plus conceptuel et ornirique d'entre eux, "Millenium Actress" - à des scénarios bien plus traditionnels. Mais le plaisir pris finalement à "Paprika" résulte du bombardement sensoriel inouï auquel notre subconscient est soumis par ses images, tantôt ludiques tantôt asphyxiantes, voire cruelles (Paprika-papillon épinglée sur une table littéralement éventrée par le désir sexuel... Impressionnant !) : et derrière le délire ininterrompu des rêves enchassés, dont le sens comme les sensations nous filent entre les doigts comme du sable, on sent que plane la menace sourde de voir révélées, comme à l'inspecteur cinéphobe, les raisons profondes de nos pulsions créatrices ou destructrices.