C'est dans la boue qu'on trouve le plus bel or !
Tiens donc, en voilà un grand oublié du site, pas une seule envie chez mes éclaireurs, 7 petites notes au total, il est temps de remplir ma mission du jour. D'autant que pour d'innombrables raisons que je vais de ce pas vous énumérer " Hold Back the Dawn "gagne à être connu. Six nominations aux Oscars, Charles Boyer, Olivia de Havilland et Paulette Goddard au casting, Billy Wilder au scénario, on peut sans conteste dire qu'avant même de connaitre le sujet, nous sommes entre de bonnes mains.
Par la Porte d'Or, réel titre français de l'oeuvre pose son intrigue au centre des studios Paramount à Hollywood de quoi jouer avec la dualité de son titre mais j'y reviendrais plus tard. On y découvre ainsi un Charles Boyer inquiet, cherchant absolument à rencontrer un réalisateur, se voyant refuser un entretien, notre homme prend les choses en main et en ignorant sonnerie et lumière rouge indiquant qu'un tournage est en cours, le voilà présent assistant à une scène réellement tirée du tout aussi peu connu I Wanted Wings qui permettra pourtant à Veronica Lake de gagner une certaine notoriété après ça. Là où l'Inception devient alambiqué c'est que le réalisateur recherché par l'ami Charles, est en réalité celui du film dans lequel nous somme plongé depuis 5 minutes, qui joue en quelque sorte son propre rôle, puisqu'il est également derrière L'Escadrille des jeunes qui a servi de cadre pour cette introduction ( vous me suivez toujours ? ). La suite est quant à elle toujours aussi peu claire, puis notre mystérieux inconnu souhaite emprunter 500 dollars pour régler ses problèmes, il ne réclame pas la charité mais propose un échange contre son histoire, celle qu'il va lui raconter...
Si le film ne brille pas forcément par sa réalisation, loin d'être dérangeante attention, simplement sobre et sans réel coup de folie, il a en revanche une chouette réserve de qualités qui méritent votre attention. D'une part le scénario de Billy Wilder et de son compère Charles Brackett écrit avec une finesse et une subtilité délectable, totalement dépourvu de misérabilisme et de pathos et aux dialogues richement ciselés qui font mouche.
Mais aussi grâce à son trio légendaire, Boyer apporte la subtilité et la complexité nécessaire pour éviter de rendre son personnage calculateur détestable. Paulette Goddard totalement à l'opposé des profils bourrés de charme, d'innocence et de naïveté attachante qu'on a l'habitude de voir chez Chaplin joue ici une manipulatrice sans le moindre scrupule à la perfection. Et enfin Olivia est juste prodigieuse et reste la plus touchante du lot, habituée à donner la réplique à Errol Flyn chez Curtiz ou Walsh et à devoir développer un caractère bien prononcé pour lutter face à l'arrogance de ses personnages, on la retrouve ici dans un registre bien différent. Celle d'une douce institutrice de village blindés de rêve plein la tête à la fois tendre, courageuse et attendrissante, et il n'en fallait pas moins pour donner sa substance au film.
Car tout ce petit monde va rapidement se retrouver au sein d'intrigues diverses mélangeant les genres et abordant des thèmes plus forts comme l'immigration, le mariage blanc, et les limites à franchir pour atteindre son but. En résulte un beau film, cette fameuse porte d'Or vitrine d'Hollywood en début de film, ticket du rêve Américain omniprésent dans les esprits porte de 4m qui semble infranchissable comme le dit si bien l'ami Charles, ne cessera d'évoluer sans jamais sauter les étapes et en prenant soin de développer son récit et ses personnages écrits avec soin. Qui plus est, c'est après la frustration ressentie de n'être qu'un simple scénariste durant le tournage que Billy Wider décida de réaliser ses propres films et quand on connait la carrière du Bonhomme, on peut aisément s'en réjouir.