panique à bord
Franchement c'est vraiment par pur hasard que j'ai vu que ce film passait au cinéma, en vf forcément... et franchement, je ne m'attendais pas à ça. C'est quand même fou de se dire que Soderbergh...
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le 21 juil. 2018
18 j'aime
Attention : La seconde partie de cette critique contient des spoilers.
Après lecture du synopsis, ce qui nous pousse à voir ce film (et à voir la plupart des films qui traitent du même thème) c'est évidemment la question de la folie. Notre curiosité l'emporte toujours quand on nous propose de suivre un personnage qui en vient à douter de son état : suis-je toujours lucide ou la folie me guette-t-elle ? "Pourquoi ?", me direz-vous ? Hé bien, parce que nous avons tout simplement peur que la même chose nous arrive. Finalement, ce qu'on veut voir à travers ce film c'est essentiellement ce moment où une personne qui, au départ, semble rationnelle bascule dans l'irrationnel. "Alors ? Rassurant ou pas, ce film ?"
Avant d'en dire plus (ou trop) sur les événements qui constituent la trame de ce film, penchons-nous tout d'abord sur l'impression générale qu'il nous laisse. Malgré un thème assez commun, il faut reconnaître l'originalité qu'il y a dans la manière de filmer les scènes. Ces dernières cadrent toujours le visage des personnages de très près, comme si on se situait face à eux. Ce choix s'avère tout à fait pertinent puisqu'il nous donne à voir les évènements depuis le point de vue du personnage principal (Sawyer Valentini), ou plutôt, depuis le visage de celui-ci, ce qui nous permet de faire très rapidement connaissance avec cette femme, certes émotive et un brin impulsive, mais attachante tout de même. L'autre "plus" de ce cadrage, c'est qu'en ne laissant que très peu de place au décor, aux autres personnages (toujours filmés brièvement) et au monde extérieur, l'impression d'enfermement et le sentiment d'oppression s'emparent aussi du spectateur. Vous l'avez compris, on finit par s'identifier au personnage principal et se poser les mêmes questions : "mais que se passe-t-il ?", "pourquoi personne ne fait rien ?", "appelez la police, de l'aide, etc. !!". De ce point de vue, le suspens est garanti et jusqu'à la fin de ce film, on ne sait quoi penser.
Justement, qu'en penser une fois la fin passée ? La partie contenant des spoilers débute.
Honnêtement, on change plusieurs fois d'avis tout au long du film. Au départ, à cause des scènes au travail où l'on s'aperçoit que cette femme est tout à fait normale et consciencieuse, elle ne peut pas être considérée comme folle. C'est bien plutôt la façon dont elle est traitée qui est folle : être enfermée dans un asile après avoir avoué sa peur d'être agressée sexuellement et ses quelques pensées suicidaires (sur demande) ! Mais dès le départ, plusieurs comportements paraissent troublants : les difficultés qu'elle éprouve en présence d'hommes (mais cela peut s'expliquer par un passé qui semble se dévoiler progressivement), son impulsivité et son agressivité (ce qui peut encore se comprendre étant donné la situation dans laquelle elle se retrouve). Il y a même un moment où, avec elle, on finit par croire à ce que diagnostique le personnel : elle a quand même un problème. Et, d'ailleurs, la dernière scène du film confirmera la nécessité pour cette femme de suivre au moins une thérapie.
Mais le moment où l'on comprend qu'elle n'est pas folle, c'est-à-dire complètement irrationnelle dans ses faits et gestes ou pathologiquement affectée, c'est lorsqu'on aperçoit avec elle la lettre que lui montre David Strine. On se demande alors s'il s'agit d'une hallucination de la part de Sawyer ou si le demi-sourire qu'il esquisse à chaque fois en dit long sur sa véritable identité. La confirmation du second scénario se profile lorsque la caméra quitte notre personnage principal pour suivre les démarches désespérées de sa mère pour la faire sortir de l'asile. C'est en sortant de la subjectivité du personnage qu'on peut véritablement comprendre les choses.
C'est alors qu'on se rend compte que la folie qu'on cherche à mieux connaître en regardant ce film et à délimiter en observant son personnage est beaucoup plus relative qu'on pouvait le penser. En effet, on ne peut pas véritablement établir une frontière entre la raison et la folie (l'hésitation qui nous habite pendant le film en témoigne) puisque la folie dépend avant tout des autres et de ce qui est considéré comme le bon sens ou le sens commun. Si vous ne pensez pas comme la majorité (de manière rationnelle, raisonnable, morale), vous êtes fous. Si cette majorité vous dit que vous êtes fou, vous finirez par le devenir (on voit bien les difficultés qu'éprouve Sawyer à démontrer sa lucidité sans commettre des actes mal interprétés). La seule solution pour ne plus être considéré comme fou, c'est donc de modifier le jugement de la majorité ou de former une nouvelle majorité. Et c'est bien ce qu'il se passe dans ce film, notamment lorsque la presse s'empare du scandale de l'hôpital psychiatrique à but lucratif.
Soyez donc rassurés ! La folie, ce n'est pas pour aujourd'hui et méfiez-vous la prochaine fois qu'on vous demandera si vous avez déjà pensé à vous suicider !
Créée
le 6 juin 2019
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