Véritable outsider parmi les sélectionnés en compétition du Festival de Cannes, Parasite avait pourtant un synopsis qui n’est pas sans rappeler le palmé de l’an dernier : Une affaire de famille du Japonais Hirokazu Kore-Eda. Mais la comparaison s’arrête là. Alors que ce dernier décrit une famille de gentils arnaqueurs désargentés avec une certaine forme de poésie et de tendresse pour ses protagonistes, Bong Joon-Ho choisit de s’orienter vers ses thèmes de prédilection : les relations dominants-dominés, la lutte des classes et la violence qui en découle. Les parasites sont partout : il y a les familles des bas-fonds des villes, serviles et qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour s’en sortir.
Les parasites, ce sont aussi ces riches, CSP +++ incapables de vivre sans leur chauffeur pour porter les courses ou leur gouvernante pour faire un plat de nouilles au milieu de la nuit. Bong Joon-Ho a cité le Français Claude Chabrol à Cannes comme influence.
Parasite est un inclassable qui dérive du cinéma de genre au thriller, de la comédie noire à la satire sociale. Un film féroce où l’homme est un loup pour l’homme, où la monstruosité des personnages va de pair avec leur médiocrité. L’écriture est soignée, le suspense maîtrisé.
Avec Parasite, Bong Joon-Ho monte d’un cran dans le genre pour mieux tenir le discours qu’il tient dans ses satires de la société coréenne… Et la société tout court. Le chef-d’œuvre d’un grand cinéaste.