Le film le plus "Gilets Jaunes" du Festival de Cannes vient de Corée du Sud... à croire, et c'est sans doute vrai, que la montée des inégalités est mondiale! On pourrait ajouter qu'elle est sans doute aussi universelle, sans entrer forcément dans des considérations marxistes, mais en citant Alain-René Lesage, et sa pièce de théâtre Turcaret, qu'un personnage résume ainsi : "Nous plumons une coquette; la coquette mange un homme d'affaires; l'homme d'affaires en pille d'autres; cela fait un ricochet de fourberies le plus plaisant du monde." Cette réplique peut très bien résumer le film de Bong Joon-Ho. Le fils d'une famille modeste trouve presque par hasard du travail chez une famille riche et, par un stratagème élaboré, il permet à tous les membres de sa famille modeste d'être embauché par la famille riche, mettant en péril les anciens domestiques de cette famille qui se retrouvent à la rue... C'est, somme toute, un scénario très théâtral, qui a tout l'air d'une comédie de boulevard. Mais un cinéaste n'est pas un filmeur de théâtre, et ça, Bong Joon-Ho le sait. Il prouve encore une fois que c'est un grand réalisateur et qu'il sait filmer: chaque plan recèle d'une beauté, toujours accompagné d'un parasite. Chaque plan prévient donc du péril à venir... C'est la force du film. Dès le début, le wifi du voisin cesse de fonctionner chez la famille de protagonistes, par exemple. Qu'est ce donc que le parasite ? L'inégalité sociale? Le bug informatique? Les virus d'Internet? Ou un mélange de cela?! Dans notre monde, sans doute que tout est parasite, le danger menace partout mais il y a une solution pour y remédier: aller au cinéma, faire du cinéma, filmer ces parasites invisibles pour les rendre visibles.
Quoiqu'il en soit, le ricochet, si fragile et si aléatoire, après ces infinis rebonds, finit toujours par couler; comme le parasite...