Au chômage depuis longtemps, la famille Ki-taek s’entasse dans un sous-sol insalubre. Quand Ki-woo, le fils aîné, devient, grâce à un ami, le répétiteur de la fille Park, l’occasion se fait trop belle. Dans cette résidence luxueuse, il y a certainement du travail pour sa sœur et ses parents.
La mise en scène ciselée du réalisateur coréen éclate dès la première scène. Une fenêtre, sise au niveau de la rue. Des chaussettes à sécher pendouillent à ses côtés. Refusant de se contenter de ce coin de bitume sur lequel le poivrot du quartier aime à se soulager, la caméra poursuit sa descente. Apparaît l’intérieur de cet espace confiné plus bas que terre et que la cuvette des WC. C’est là que vivent les cafards et ceux qui n’ont rien d’autre. A l’opposé, les riches Park trônent sur les hauteurs. Au bout d’une rue en pente, leur villa d’architecte se mérite et nécessite l’emprunt de nombreux escaliers. Plus dure sera la chute !
Dans cette lutte des classes mordante, où chaque place à un prix et suscite les convoitises, Bong Joon-ho rebat les cartes. En tant qu’employés modèles, les misérables combinards se montrent plus lucides que les gentils nantis, peu capables de s’occuper de leurs progéniture et maison. Mais l’appât du gain, la vie facile et les humiliations quotidiennes appellent au déluge. Ce mélange liquide de rage et de frustration évoque le déchaînement de la Cérémonie chabrolienne et de la chanson douce de Leïla Slimani. « Si l’argent n’a pas d’odeur, les pauvres en ont-ils une ? », s’interrogent les personnages.
Farce sociologique grinçante, teintée d’horreur ultralibérale et de thriller caustique, cette mélodie en sous-sol parvient à s’achever sur une note plus émouvante, marquée par les liens du sang. Dans la variété de ses ors, la Palme cannoise de cette année a fière allure.
8.5/10
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