Déjà 177 critiques sur SC pour ce film, et je ne vois pas très bien du coup ce que la mienne pourrait apporter de plus à l'internaute avide de collecter des opinions originales, voire sans concessions. Alors, en désespoir de cause, me voilà qui tente un calembour pathétique en guise de titre, afin d'accrocher tout de même quelques visiteurs virtuels.
Bon, pour revenir aux bons vieux poncifs, disons qu'à mon avis, cette palme d'or à Cannes est amplement méritée. N'étant pas doté de la technicité suffisante, je ne m'étendrai guère sur la réalisation, les plans, le jeu des acteurs et la bande-son, si ce n'est pour dire que je les ai, de mon siège de simple spectateur, trouvés impeccables. La moindre des choses, sans doute, en l'espèce, puisqu'à n'en pas douter, ce film a certainement pu disposer d'un budget conséquent, ne serait-ce que pour mobiliser la baraque dans lequel il a été tourné. Mais, l'argent étant, comme chacun sait nécessaire mais non pas suffisant, ce Parasite a des qualités qui vont au-delà de la perfection formelle à laquelle aspire probablement tout lecteur des Cahiers du Cinéma.
Déjà, je mentionnerai la facilité avec laquelle le cinéaste parvient à passer d'un genre à l'autre, et ce sans que cela ne laisse une impression de décousu ou de méli-mélo foutraque comme cela arrive, hélas trop souvent, lorsque le réalisateur poursuit une telle ambition. Là, ça commence comme une comédie sociale, s'ensuit une nuit de folie qui n'est pas sans posséder quelques accents vaudevillesques, puis ça bascule dans le thriller teinté de gore, sans oublier un très léger détour par le film catastrophe. Et ça finit dans l'émotion, sur une séquence courte, comme pour magnifier le fait que la famille est - d'une certaine manière - le fil rouge de ce film. Comme souvent, ces derniers temps, d'ailleurs, dans le cinéma extrême-oriental. A moins que ce ne soit que supputations de ma part, une sorte de conclusion personnelle biaisée par mes choix de films. Qui sait ?
Et puis, et là on rentre vraiment dans le dur, ce film pris sous l'angle de la part de critique sociale (virulente) qu'il comporte est vraiment très réussi. Déjà, ces deux familles sont très habilement dépeintes, avec un petit air de "La vie est un long fleuve tranquille" à la fois coréen et contemporain. Mais le mérite du réalisateur est d'aller bien au delà de la seule comédie, tout en réussissant très bien dans ce registre au début du film. On rit ainsi à gorge déployée de la manière dont les Kim embobinent les Park. Mais, très vite, cela va bien plus loin et l'on comprend qu'il est question de deux mondes complétement différents, qui ne se côtoient jamais si ce n'est lorsque l'un de ces mondes est au service, rémunéré bien entendu, de l'autre. Avec des possédants, désarmants de candeur et d'une certaine forme de gentille naïveté, qui se contentent de jouir de leurs possessions sans que la moindre interrogation ne vienne jamais les effleurer. Et surgit alors le mépris de classe, qui monte peu à peu dans le seconde moitié du film, éclatant d'une aveugle innocence, tant les Park ont complétement intériorisé l'idée de leur supériorité triomphale.
Et ça pète, à la fin, quand les gens de basse extraction sortent, au propre comme au figuré, des bas-fonds. Ca pète comme l'incendie d'une brasserie renommée sur la plus belle avenue du monde ou comme des tags sur l'un des symboles de la république. Alors, là, oui, finalement mon titre en forme de calembour n'est peut-être pas si dénué de sens qu'il y paraît : voilà un film qui peut réjouir l'âme.