S'il s'est fait connaître avec The Host, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho aime le surnaturel mais surtout les métaphores grinçantes. Dans Snowpiercer, il dépeint un futur apocalyptique où chaque wagon d'un train représente différentes strates de la société. Dans Okja, il remet en question l’éthique humaine à se nourrir d'êtres doués d'affection et d'intelligence. Son dernier rejeton, Parasite, met en scène deux classes sociales aux antipodes, une famille vivant dans les sous-sols les plus sordides et une autre dans une villa ultra-moderne.
Visuellement, le contraste est des plus réussi. D'un côté, une misère accablante marquée par des gros plans sur des toilettes crasseuses d'un appartement où la famille Ki-Taek vit en pliant des cartons de pizza et observe la ville du dessous, celle des clochards et des ivrognes qui urinent derrière un coin de poubelle... De l'autre, le luxe et le strass ostentatoire des Park, grands propriétaires d'une villa aux espaces interminables et au mobilier raffiné, des gigantesques salons se prolongeant en jardins idylliques, en passant par la spacieuse cuisine et sa cave à spiritueux, sans oublier un sous-sol façon abri anti-nucléaire cachant bien des secrets. Si la moralité des uns à vouloir s'installer chez les autres nous interroge, le réalisateur ne prend pas parti pour l'un des deux, il s'amuse à les entrecroiser dans un jeu de cache-cache jubilatoire, exploitant tout l'espace proposé par cette architecture généreuse. Ou comment vivre en promiscuité tout en restant invisible et en se nourrissant sur le dos d'autrui, tel un parasite... L'absurdité des situations ira au bout de la bêtise ou de l'ingéniosité humaine, mais ce jeu de dupes prendra fin par l'incursion d'un trouble fête non prévu au programme...
On apprendra ainsi que les réseaux-sociaux sont une arme redoutable. Filmé à votre insu, un simple clic sur 'envoyer' peut terrasser votre adversaire. Mais parfois, un simple couteau de cuisine ou une pierre sur le crâne peut résoudre bien des conflits aussi. Quand l'occasion se présente lors d'un petit anniversaire bien gentillet, où l'on aimerait nullement froisser l'innocence de ces jeunes enfants que l'on aime admirer le soir dormir sous des tippies, à l'abri d'une grande baie vitrée.