Le film commence par une scène où le garçon cherche du réseau vers le plafond de son appartement et montre d’emblée la pauvreté de cette famille, tout est dit, pas besoin d’en rajouter. Les toilettes sont haut dessus de la baignoire, enchâssées dans la salle de bain, il y a une conception du décor qui permet une économie du récit, on n’a pas besoin de le dialoguer ni de passer par l’explicatif. Le sens de l’architecture des deux lieux principaux est riche en possibilités cinématographiques. Il y a un humour féroce et ce qu’il y a d’intéressant c’est que les riches ne sont pas les salauds par principe ni caricaturés dans cette Corée qui est un pays à deux vitesses avec d’un côté les très riches et d’un côté les très pauvres.
Il part d’un registre à un autre sans arrêt, c’est très fort, comme un millefeuille qui a un goût de toutes les couleurs sur un sujet pourtant qui n’est pas nouveau, mais il y arrive avec une modernité, une invention, avec ces deux familles en parallèle qui vont être bientôt en perpendiculaire, avec cette mère bourgeoise qui s’ennuie, naïve mais qui n’est pas une méchante fille, le père, pdg qui ne s’intéresse pas à grand chose à part lui, qui ne voit rien. Il y a un côté Marcel Aymé: les riches ne sont pas des ordures complètes, les pauvres ne sont pas des saints non plus. C’est un théorème collectif à la sauce asiatique d’une méchanceté à la Chabrol.
Un film très malin avec une mise en scène brillante rempli de coups de théâtre.