Bong Joon-ho porte un regard attentif sur la société coréenne. En dressant cette féroce critique sociale sur l’incapacité des individus à coexister quelque que soit leur classe, il nous délivre une "pépite" , sorte de parabole contemporaine sur la lutte des classes. Le film passe de la comédie sociale à la comédie noire, de la comédie noire au film d’horreur, du film d’horreur au film catastrophe...Sorte de dénonciation sans concessions des inégalités sociales dans un pays livré aux puissances de l’argent et à l’influence américaine, ce cinéaste de 50 ans signe un drame familial aux allures de thriller. Le scénario est très bien écrit . Les plans dans la maison sont très recherchés .On ne s'ennuie jamais car le rythme est terrible pour 2 heures 10 de film. On nous raconte l’histoire d’une famille pauvre vivant dans un appartement insalubre. Un jour, le fils réussit à trouver du travail chez la très riche famille Park. Dans Parasite il s'agit souvent de monter. Il y une sorte de ville du haut et de ville du bas . Globalement, je dois dire que j'ai préféré la première partie du film, où le plan se met en place, parce qu'elle est plus jouissive. En même temps, je déplore que vers la dernière partie du film cela devienne un peu trop n'importe quoi. Quand aux comédiens ,évidemment inconnus en France, ils sont plutôt dynamiques et convaincants. Pour le spectateur c’est une sorte de débandade dans cette seconde partie du film, surtout quand tout avait été rythmé et tendu jusque-là. Puis, cette question du sous-sol et toutes les problématiques incidentes sur les rapports de classe étaient déjà là. Finalement , la lutte des classes dans le film se réduit au dégoût du mari riche pour le mari pauvre et à son meurtre . Plus intéressant et déjà plus drôle, c'est que l'on a l'habitude de voir dans les films les pauvres assez gauches ,dès qu'ils sont propulsés dans l'univers des riches. Ici ,c'est tout le contraire. Les pauvres arrivent à se fondre dans le décor, à épouser les codes de la bourgeoisie et à devenir de parfaits valets. Leurs tâches sont facilitées par la fadeur et la crédulité du couple qu'ils arnaquent. La drôlerie du scénario tranche tout le long avec la violence du propos. J'adore la scène quand le père de famille pauvre est en train de répéter son rôle de chauffeur raffiné, sous les conseils intraitables de son arnaqueur de fils. Puis, celle où tous les personnages utilisent les escaliers pendant la pluie. Le premier plan avec la famille pauvre les voit les descendre sous la pluie et l'autre plan avec la famille riche les montre à l’abri, chez eux. La satire est délicieuse . La palme d'or est une bien belle consécration pour ce film où il est dressé un portrait au vitriol de deux pères, l'un faible et incapable de subvenir aux besoins des siens, l'autre aux abonnés absents, son argent compensant le temps. Les mères elles , certes loin d'être parfaites, sont néanmoins plus ou moins épargnées dans cette farce sociale. L'humour est décapant et la mise en scène au millimètre.