Le coup de cœur de ce Festival de Cannes 2019 : après une filmographie déjà très inspirée et d'une folle richesse, Bong Joon-Ho arrive encore à surprendre (un exploit), revient avec un délicieux mélange de comédie et de thriller, incroyablement réussi ! Parasite suit une famille de prolétaires coréens qui tentent de se caser un à un (tels des cancrelats) dans une famille de riches qui ne voient pas la supercherie... On démarre entre fascination pour les plans somptueux et drôlerie avec les magouilles pour virer les domestiques en place et les supplanter par les membres de la famille tiennent du génie scénaristique (l'allergie à la pêche, la culotte...), puis la seconde partie plonge dans le thriller sanglant et tendu qui nous fait retenir notre souffle jusque dans les dernières minutes. Les acteurs sont brillants (Song Kang-Ho est comme d'habitude une merveille d'acteur, à égalité parfaite avec l'ensemble du casting qui est solide dans leur rôle : un film choral, un vrai), dont la famille de prolos est crédible, drôle et attachante à la fois (avant le basculement qui nous fait réviser notre avis). La métaphore du parasite est explorée dans tous les sens du terme (les parasites inoffensifs et auxquels on ne prête même plus attention, voire nécessaires à une vie plus agréable, mais aussi ceux qui peuvent devenir de véritables dangers et sont tenaces à l'élimination...). Dans cette immense salle du Palais des Festivals de Cannes, les meilleurs gags étaient applaudis dans la plus grande hilarité, en plein film ("Ah, on a le droit ?!"), et le générique s'est vu ovationné deux fois. Notre première vraie claque du Festival, on a passé un formidable moment, devant cette découverte de cinéma divertissant et brillant à la fois, une séance qu'on n'oubliera probablement jamais. Un scénario en béton, une interprétation impeccable, des rebondissements géniaux et un changement d'ambiance qui ravira autant les amateurs de comédie que de thriller violent. L'hilarité vire à la tension avec une ingéniosité rare.