Parents
6.5
Parents

Film de Bob Balaban (1989)

Une petite perle injustement méconnue

Il y a parfois, comme ça, des films qui ne rencontrent pas le succès qu'ils méritent. Certains sont redécouverts après quelques années, d'autres restent dans les limbes.

Parents fait partie de la dernière catégorie, et c'est fort dommage. Après deux autres essais de films, le réalisateur est finalement reparti vers la TV et le boulot d'acteur. Un vrai gâchis, et un destin qui n'est pas sans rappeler celui d'Antonia Bird après son excellent Vorace. (Vorace avec lequel Parents partage certaines aspects, d'ailleurs, malgré une approche radicalement différente...)

Parents suite le destin d'un gamin, dans une Amérique de carte postale des années 50/60. La musique, l'ambiance, les décors, quelque part entre ma sorcière bien aimée et happy days, tout pourrait être rose et acidulé au pays triomphant de la société de consommation et du bonheur électroménager. Mais le paradis commence à dérailler lorsque le jeune Michael est amené à se poser des questions sur le régime alimentaire de ses parents, principalement à base de viande...
Vous les voyez venir avec leur gros sabots, et vous avez raison.

La grande force du film, au delà de ses qualités techniques (acteurs excellents, mise en scène classique et soignée...) c'est de prendre le spectateur à contre pied.
Si pour vous, un bon film d'horreur est forcément un étalage de ketchup et de gore, vous risquez d'être déçu. Le film ne fait pas du tout dans l'horreur graphique. C'est même le contraire. Par contre, si vous aimez l'humour décalé et l'horreur psychologique, vous risquez d'apprécier.
Le traitement des angoisses de Michael n'est pas sans rappeler, par moment, un certain shining, l'humour et l'ambiance 50'es en plus. Un aspect léger et décalé qui dissimule de graves dysfonctionnements familiaux et sociétaux.
Au delà d'une charge contre le poids des contraintes familiales et "la normalité", difficile de ne pas y voir une critique grinçante de toute une idéologie de la glorieuse société de consommation et des normes sociales, bref, du bonheur industriel post seconde guerre mondiale. (Le nom de la société qui emploie le père : Toxico, illustre parfaitement le sujet. ^_^)
Ceci dit, le film est assez subtil pour distiller son message de façon intelligente, sans en faire des tonnes, et avec humour. Une rareté.

Bref, un très bon film, qui mérite d'être redécouvert. Si vous avez apprécié le traitement d'un Vorace, vous risquez d'aimer cette variation originale sur le thème du cannibalisme. Notez aussi que c'est typiquement le genre de film idéal pour faire découvrir le genre à un public qui n'apprécie pas forcément les effets gores ou les jump scares foireux. Gros succès auprès des végétariens, aussi.

Original, réjouissant et maitrisé, parents est un film qui me tient à coeur. Sans aller jusqu'à demander que le film bénéficie de la même estime qu'un vorace, j'attends depuis des années une hypothétique sortie DVD.
TLT
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 juin 2011

Critique lue 1.4K fois

21 j'aime

5 commentaires

TLT

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

21
5

D'autres avis sur Parents

Parents
ChatonMarmot
10

eat your meat

Parents présente des similitudes avec La Nuit du Chasseur. Réalisé par un homme qui a réussi comme acteur, il relate le conflit d'un enfant avec une figure paternelle ogresque, et se passe quelques...

le 17 févr. 2017

8 j'aime

6

Parents
Fatpooper
8

Le secret

'Parents', j'ai dû le chopper dans la caverne des introubables, du temps sa glorieuse époque. C'était l'époque, en effet, où l'on pouvait chopper plein defilms sur megaupload et rapidshare. Depuis,...

le 17 juin 2013

8 j'aime

5

Parents
ObiLaBerlue
9

Un film délicieux...

Merci à la liste "feu la caverne des introuvables" de m'avoir fait découvrir cette pépite. A la lecture du synopsis on pourrait presque s'attendre à un film à la croisée entre "cannibal holocauste"...

le 7 juin 2013

5 j'aime

Du même critique

Vorace
TLT
9

Libérez Antonia !

Je crois que j'aime bien quand des réalisatrices s'attaquent à des sujets typiquement calibrés "vraiment pour les vrais hommes vraiment virils dans leur vraie virilité" On ne remerciera jamais assez...

Par

le 17 juin 2011

1 j'aime

1