eat your meat
Parents présente des similitudes avec La Nuit du Chasseur. Réalisé par un homme qui a réussi comme acteur, il relate le conflit d'un enfant avec une figure paternelle ogresque, et se passe quelques...
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le 17 févr. 2017
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Parents, produit en 1988 et présenté en compétition au 17e Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1989, où il obtint par ailleurs le Prix de la critique, est le premier long-métrage pour le grand écran de l'acteur Bob Balaban, ami de Steven Spielberg qui lui permit de se faire la main en tant que cinéaste sur la série Histoires Fantastiques. Porté sur l'étrange, Balaban tombe amoureux d'un script de Christopher Hawthorne, sobrement intitulé Parents, qui le ramène aux déconcertantes émotions qu'il éprouvait lui-même envers ses géniteurs lorsqu'il était enfant.
Nous sommes à la fin des années 1950 et il fait bon vivre aux États-Unis. Le couple Laemle, à l'apparence parfaite, emménage dans un quartier résidentiel avec son garçonnet, Michael, réservé et un brin curieux. Rien de grave à l'horizon si ce n'est que Michael observe néanmoins son entourage avec un peu trop de zèle. Une nuit, il surprend ses parents en plein acte de chair et des cauchemars sanglants commencent alors à l'assaillir. Doté d'une imagination débordante et écœuré par ce dont il a été témoin dans le lit conjugal de ses parents, il soupçonne ces derniers, qui sont de fins amateurs de barbecue, d'être anthropophages. Et il va en chercher la preuve…
Débordant d'humour noir, Parents est une pertinente comédie horrifique qui aborde essentiellement le thème de l'apparence familiale ainsi que celui de l'enfance perturbée. Ici, tout devrait aller comme dans le meilleur des mondes (le film préfigure en ce sens le bien-être parfaitement réglé des protagonistes de Pleasantville, réalisé par Gary Ross en 1998), jusqu'à ce qu'un grain de sable entrave la machine pour noircir ces fichues façades derrière lesquelles tout le monde se voile. Tout le monde ? Non ! Il existe deux irréductibles qui résistent toujours et encore à l'illusion des convenances : une gamine redoublante, Sheila, qui s'avère être une véritable petite chipie et une assistante sociale, Millie, qui s'attache à Michael et tente de l'aider à résoudre ses angoisses. Aux yeux du garçonnet, ces deux-là sont pourtant aussi dangereuses que les autres, lui permettant ainsi de s'enfoncer toujours plus dans sa paranoïa. À moins bien sûr que tout soit réel et que les parents du petit Michael soient d'ignobles cannibales.
La force du script de Hawthorne est de maintenir le doute jusqu'au bout et d'offrir ainsi aux spectateurs le choix de la conclusion, voire même le choix du principal sujet abordé par le long-métrage. Un tour de force scénaristique qui se perpétuera avec bonheur dans le très mal aimé Paranormal Activity IV où la double lecture frise pourtant le génie. Ici, il en est de même, bien que l'option où Michael serait simplement en proie à son imagination tient nettement mieux la route que cette sombre histoire d'anthropophagie. Avec l'effroyable peur de finalement être à l'image de son père, homme de science employé dans le domaine de la chimie, amateur de grands vins et de bonnes viandes, joueur de golf exceptionnel et dégoûtamment bestial au lit, Michael se reclut dans ses frayeurs sans savoir comment s'en sortir. Car dans ce monde idéalisé, si l'on n'a plus confiance en ses propres parents, à qui peut-on faire confiance ?
Son silence, envers son amie Sheila et son assistante sociale Millie, qui est la seule à comprendre qu'il y a un véritable problème avec cet enfant, Michael le sacralise tel que le faisait Bob Balaban durant sa propre enfance. Aux yeux de Randy Quaid, qui incarne le père, tous les parents du monde exagèrent leurs valeurs et la nourriture qu'ils jugent la meilleure pour leurs enfants reste très vite sur l'estomac de ces derniers. C'est là que débuterait, toujours selon lui, l'affirmation d'indépendance et la révolte envers ses géniteurs. Randy Quaid qui est par ailleurs brillant en caricaturant à merveille le cadre moyen des années 1950. Idem pour la mère, éternellement souriante mais aussi ultra rigide en fée du logis. Une observation des us et coutumes de l'époque qui rejoint allégrement, certes d'une manière très différente, le fléau du paraître dont se pare, souvent dans la souffrance, ma propre génération.
Bref, tout ne semble pas être ici une simple investigation sur les activités de cannibales BCBG. Mais on peut également s'arrêter à cela si on le souhaite. Le choix du roi, en quelque sorte.
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le 25 nov. 2024
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