La morale en lettres capitales
A l'occasion du Printemps du Cinéma et poussée par sa copine, on se retrouve parfois à voir des films au ciné auquel on n'aurait jamais pensé. Exemple type : Paris. Non content d'être un film français (genre que je vais très rarement voir au ciné ), la bande-annonce m'avait déjà convaincu : nian-nian, larmoyant, moralisateur, casting catalogue... Autant de qualités qui auguraient du meilleur n'est-ce pas ?
Cédant à la mode du film choral mis en avant ces dernières années (Collision, Babel, 21 Grammes, Amours Chiennes, ca vous dit quelque chose ? ), Klapisch ressort Romain Duris pour l'exploiter dans un tout autre registre. Fini les étudiants insouciants ou le trentenaire en doute, maintenant c'est le mourant. Danseur ayant appris brutalement un problème très rare, il est condamné. Au mieux, la transplantation est la dernière issue. Sachant que cette solution a aussi 50 % de le mener vers la porte de sortie. En gros, c'est la merde. Alors pour l'aider, il appelle sa soeur (Juliette Binoche) qui viendra l'aider à rythmer son quotidien. Quadra célibataire assistance sociale avec 3 gosses, comme si elle avait pas déjà assez de problèmes ! Autour de ce duo gravite les gens du marché de Rungis avec notamment Albert Dupontel ou Gilles Lelouche, qui joue encore une fois comme un pied son unique rôle du bourrin de base.
Ensuite, on a le droit à un autre axe narratif important autour de Luchini qui a droit à un rôle à sa mesure : celui d'un maitre de conférences d'histoire en Fac. L'as du name dropping entre deux citations croise le regard d'une étudiante, la très mignonne -mais vraiment- Mélanie Laurent, et devient dingue d'elle. En bon perso des années 2000, il chope son numéro de portable et envoie son texto sur son flex. Je vous passe les détails, on n'est pas là pour spoiler mais pour parler de ce qui m'a plu.
Alors après avoir posé "bavardement" le contexte, que dire ?
Tout d'abord, la qualité principale du film réside dans son rythme. C'est long certes mais on ne s'ennuie pas, enfin pas trop. Certaines scènes réservent quelques sourires et des tranches de vies sympathiques. Toute la partie sur Luchini vaut quand même le coup d'oeil (surtout pour Mélanie Laurent ), et ce même si j'avais une envie irrépressible de l'assassiner quand il danse.
Outre ces quelques passages, le film collectionne les morceaux en trop. Pour donner l'impression d'un Paris aux multiples facettes, Klapisch a cru bon de n'oublier aucune dimension de la capitale et a essayé d'inclure des personnages qui aurait mieux fait de ne pas être de la fête. Les personnages de l'univers de la mode interprétée entre autres par Audrey Marnay et celui du camerounais qui désire monter sur Paris sont vraiment prétextes pour nous montrer la superficialité des parisiens et la difficulté des immigrés de l'autre.
Quant au concept du film choral, il tombe complètement à l'eau. Les deux groupes de personnages se croisent le temps de quelques scènes mais ne justifient absolument pas son utilisation. Quitte à inclure pleins de persos, pourquoi ne pas en faire 2 films ? On se retrouve donc avec des rôles totalement inutiles. Par exemple, François Cluzet est inexistant car son rôle l'est tout autant. Autre bizarrerie qui ne rime à rien : l'escapade en 3D qui en plus d'être mal faite est là juste pour faire beau. Le problème, c'est que c'est moche.
Pour conclure, le premier mot qui me vient à l'esprit en repensant à Paris est superficiel. C'est un film bobo qui se laisse vivre et qui termine sur 10 minutes complètement horripilantes. Alors oui, c'est bien d'être parisien, d'avoir vue sur Montmartre et la Tour Eiffel, écouter des vinyles en 2000, c'est trop cool mais au final on s'en fout. Pas foncièrement mauvais, certainement pas bon mais fortement inutile.
* Ce dernier paragraphe est offert par le collectif des amoureux des adverbes.
Je préférais nettement le Klapisch du duo Auberge Espagnol/Poupées Russes qui avait au moins le mérite d'avoir une certaine recherche visuelle. Allez, sans rancune.