Cette superproduction fut injustement éreintée à sa sortie par toujours la même clique de journalistes imbus d'eux-mêmes qui méprisent ce genre d'entreprise ; il est donc temps de réhabiliter cette fresque historique commanditée par le gouvernement Gaulliste, adaptée du livre de Lapierre et Collins.
C'est un peu le Jour le plus long français comme ce le fut pour les Britanniques avec la Bataille d'Angleterre de Guy Hamilton, on essayait de monter des productions d'envergure avec gros moyens et défilé de stars, la démarche est courageuse, et la production fut entièrement française, avec un casting international. On y voyait le gratin des acteurs français de l'époque, parmi lesquels Claude Rich qui affiche une ressemblance troublante avec le général Leclerc, Delon en jeune Chaban-Delmas, l'énergique Bruno Cremer dans le rôle de Rol-Tanguy, Pierre Vaneck, Daniel Gélin, Belmondo ou J.P. Cassel... soutenus par quelques stars américaines dont Orson Welles crédible dans le rôle du conseiller Nordling, mais où certaines n'ont que de petits rôles, tel Kirk Douglas qui s'amuse à personnifier le général Patton le temps d'une scène de 3 mn. On trouve aussi des Allemands dont un Gert Froebe parfait en général Von Choltitz chargé par Hitler de détruire Paris mais qui refusera cet ordre.
L'adaptation fut difficile, et c'est l'écrivain Gore Vidal aidé par Francis Ford Coppola qui établirent le scénario définitif. Le film respecte le format "reportage" du livre en recomposant avec talent et énergie l'aspect historique, les rapports des différents groupes de résistance, l'insurrection dans la capitale, et l'appel aux Alliés qui aboutit finalement à l'arrivée dans Paris de la 2ème DB du général Leclerc en aout 44.
C'est l'exemple d'un cinéma français qui a bien assimilé les méthodes d'un cinéma américain à gros moyens où l'Histoire est quelque peu malmenée par les besoins de l'efficacité spectaculaire. Ce n'est certes pas l'oeuvre la plus personnelle de René Clément, mais il parvient à transmettre cette ambiance fiévreuse et désespérée qui souleva le peuple de Paris aux dernières heures de l'Occupation. C'est la reconstitution exacte et vibrante d'une page de notre Histoire à un moment crucial de la guerre, où Hitler avait tout organisé pour détruire la capitale. Qu'on imagine un instant quelle catastrophe ça aurait pu être si ce fou avait réussi.
Certaines séquences notamment la prise de la Préfecture dans l'Ile de la Cité, ou la prise du QG allemand rue de Rivoli, n'ont rien à envier aux films de guerre américains et transportent par leur souffle épique. Les derniers plans en couleurs avec la caméra survolant la ville sur la Valse de Paris de Maurice Jarre, sont vraiment superbes. Et puis il y a ces étonnantes vues d'un Paris vide de voitures (le tournage ayant eu lieu en été 1965). Quant aux personnages célèbres ou non joués par des vedettes (c'est principalement ce qui déplut à la critique), je trouve au contraire que ça ne gâte rien, le public aime ça, les cinéastes et les producteurs le savent bien, ils ne font pas des films pour les critiques mais pour le public, c'est lui qui compte. Un film à voir.

Ugly

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