Une femme, blonde platine.
Enfermée dans un décor de cinéma.
Lumière stroboscopique.
La crainte se lit sur son visage.
Ça ne vous rappelle rien ?
Oui, Paris est à nous est une étrange étoile, née de la collision impromptue d'un Lynch jeune et de Terrence Malick. Un moment de poésie étrange, qui n'est pas sans rappeler le dernier Kechiche, Mektoub my love, de par son esthétisme et ses thèmes.
Mais Paris est à nous, d'abord, c'est quoi ?
Un projet ambitieux, porté par une équipe jeune et dynamique, boosté par le crowdfunding et finalement lâchée sur la plateforme américaine Netflix, faute d'avoir trouvé un autre distributeur plus conventionnel.
On y rencontre Anna et Greg, un couple né en plein Paris et dont l'histoire se chevauche et s'estompe face à ce qu'est Paris, à ce qui s'y passe. Charlie, Nuit Debout, les attentats, les manifs,... L'actualité se décalque sur la fiction, ou peut-être est-ce l'inverse ?
Et ça donne quoi ? Un film atmosphérique, planant sans perdre son rythme, à l'esthétique parfaite. Les longs plans, les envolées lyriques, la peur des personnages, leur paranoïa, les questionnements existentiels, et finalement la question de la liberté, de notre liberté, se mêlent dans une pellicule onirique de 1h30. Bref, un cinéma où se superposent le sensoriel, la narration, le réel, le spirituel. Un cinéma jeune, dynamique et puissant, porté par la suissesse Noémie Schmidt.
Et loin de décalquer une copie grossière des maîtres, comme aurait pu le faire Polar produit par la même plateforme, Paris est à nous arrive à se dépêtrer de ses influences pour créer quelque chose de réellement innovant, de frais et de nouveau. J'en veux plus...
Bref, Paris est à nous devait constituer un défi qu'aucun distributeur frileux n'a su relever. Netflix gagne le pari, pour le coup. Et cette fois-ci, c'est pour le mieux !