Bon à mon avis on a pas fini d'entendre parler de ce...truc sur lequel les avis vont sans nul doute vraiment diverger à l'instar de ce qu'avait par exemple produit le film "Victoria" (2015) de Sebastian Schipper. Je vais donc m'efforcer d'être le plus bref et le plus concis possible contrairement à mon habitude : visuellement c'est sûr, c'est sans aucun doute très beau, malheureusement ce n'est pas (de mon point de vue) un film mais un simple profil Instagram....
Alors avant que l'envie vous prenne de me sauter à la gorge en me hurlant dessus : "Non mais t'as rien compris ! C'est super original ! super contemplatif, etc...", je vous répondrai tout simplement que désolé mais non, original ça ne l'est absolument pas. C'est en réalité simplement le condensé esthétique et visuel de deux réalisateurs extrêmement connus, à savoir, Gaspar Noé et Terrence Malick. En ce sens c'est vrai qu'il faut reconnaître que "Paris est à nous" a au moins le mérite de rendre hommage à ses influences étant donné qu'il n'hésite pas à les expliciter le plus frontalement possible en citant des films tels que "Knight of Cups" (2015), "Song to Song" (2017), "Irréversible" (2002), ou encore bien évidemment "Enter the Void" (2010).
Alors oui, faire dans l'esthétique et le contemplatif, d'accord c'est très bien et dans le cas par exemple de réalisateurs tels que Wong Kar-Wai ou David Lynch cela peut vraiment donner des résultats hors du commun. Cela dit, il est aussi certain qu'il ne faut pas que cela vire à l'exercice de style pur et simple et il faut donc bien par conséquent que le film raconte quelque chose à un moment ou un autre, ou tout au plus qu'il soit simplement doté d'un propos cohérent pour que la magie cinématographique puisse opérer. Sinon désolé mais on choisit de faire un clip et on appelle pas ça un film...
Or dans le cas de "Paris est à nous", tout le problème est justement là ! On va arrêter cinq minutes et être honnête, sérieusement de quoi parle ce long métrage ? Qu'est-ce qu'on voit exactement pendant plus d'une heure, si ce n'est une gamine qui fait des petits bisous (trop mignons et trop choupinous d'amour) à son copain accompagnés de ses grandes crises existentielles et des grands problèmes métaphysiques à deux francs cinquante dont elle parvient à prendre conscience tous les quarts d'heure ? Et quand on a absolument pas le moindre scénario mais qu'on doit quand même faire un film, ben qu'est-ce qu'on fait du coup ? Et ben on prend comme scène principale une belle ville européenne (Berlin peut-être ? oh si on changeait pour une fois non ? allez on va dire Paris tiens !) parce que ça fait rêver bien-sûr, mais surtout parce que c'est cool et donc bien vendeur comme il faut...On met vite fait deux ou trois morceaux electro par dessus le tout afin de rendre le clip cool et avec ça par dessus le marché on fait même la une des Inrock parce que ça permettra à leurs critiques ciné sous kétamine de planer un peu plus que d'habitude.
Encore une fois des réalisateurs comme David Lynch ou Leos Carax, pour ne citer qu'eux deux, ne font pas simplement dans la claque esthétique et visuelle. Leurs films sont bien évidemment extrêmement complexes et possèdent une structure narrative qui s'avère au final essentielle et indispensable si l'on veut véritablement parvenir à sublimer l'ensemble. Force est malheureusement de constater que c'est vraiment loin d'être le cas ici et d'ailleurs personnellement toute l'histoire derrière son origine "underground" ne m'intéresse en outre absolument pas. Je l'ai découvert seulement aujourd'hui et prend vraiment le résultat tel quel. Or il s'agit là au mieux d'un clip mais au pire d'un profil Instagram complètement dépourvu de scénario et si par exemple les clips du groupe "The Blaze" sont tout aussi magnifiques visuellement, ils parviennent même de mon point de vue à condenser beaucoup plus de choses en seulement cinq minutes que ce long métrage que, définitivement, je me refuse à appeler un film.