Vue depuis la portion aérienne de la ligne 2, cette perspective que j'ai empruntée maintes fois, donnant sur Stalingrad et la Goutte d'Or, trouve enfin incarnation au cinéma dans la scène d'ouverture de Paris s'éveille. Pourtant, dès les premières images, il est difficile de se situer, tant la caméra s'attache aux personnages, filmant leurs visages de si près sans jamais pour autant nous étouffer. Ces visages, ce sont ceux de Judith Godrèche, touchante dans ses compromissions pour plaire aux hommes qu’elle croise, de Thomas Langmann, jeune fugueur obscur, de Jean-Pierre Léaud, petit bourgeois au phrasé inévitablement drolatique, et de Martin Lamotte, qui campe avec délice un présentateur cynique et imbuvable dans un rôle secondaire.


À l’image de la coupe au carré teintée de roux de Judith Godrèche, le film est un éloge improbable à la ville lumière, à la culture punk des années 80, à l’adolescence et au rock'n'roll. La construction du récit repose sur les difficultés relationnelles, les disputes entre les personnages, qui deviennent le cœur dramatique du film. Pourtant, l'intrigue reste en retrait, le film oscillant toujours à la lisière de la marginalité, comme sa confection presque artisanale nous laisse le deviner.


Olivier Assayas s’affirme ici comme un véritable héritier de la Nouvelle Vague. Rompant avec les méthodes traditionnelles, ses influences modernes – déjà perceptibles dans ses précédents travaux ( Désordre et L'Enfant de l'hiver évoquent Bergman, tandis que Sils Maria rappelle Antonioni) – se font ici plus présentes que jamais. Il revendique un cinéma de personnages flous, des archétypes abstraits, non plus guidés par une intrigue solide, mais portés par la musique comme fil conducteur. Une musique qui dit :

Il est cinq heures

Paris s'éveille

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tryon
7
Écrit par

Créée

le 1 sept. 2024

Critique lue 9 fois

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