Le « mondo » est un genre du cinéma d’exploitation apparu au début des années 60 et qui se caractérise par une approche racoleuse et volontairement mensongère, à l’image de Suède, enfer et paradis (1968) de Luigi Scattini.
Dans la lignée de Paris interdit (1969) de Jean-Louis van Belle ou encore Paris top secret (1969) de Pierre Roustang, le film d'Édouard Logereau est une succession de saynètes sans queue ni tête sur la capitale française, loin de son éternelle image de carte postale et à des années-lumière de celle que recherchent les touristes.
Pendant 85 minutes, le réalisateur nous entraîne dans les méandres d’un Paris comme nous ne l’avons jamais vu, âmes sensibles s’abstenir, ce que vous verrez ici, vous ne le verrez nulle part ailleurs. Un Paris interlope & décadent où le réalisateur et les narrateurs nous convient dans les coins sombres et reculés de la capitale française, nous faisant découvrir (entre-autres)
la garçonnière de Jules Verne (au sommet de la Tour Eiffel), les catacombes, Bruno Cuzzicoli le 1er tatoueur de France, une étrange fabrique de mannequins en cire, le quotidien des égoutiers, des prostituées de la rue Saint-Denis et des drag-queen, un repas de fête chez la famille Bouglione (avec tout le folklore freaks : femme à barbe, nains, homme-tronc, géant, jumeaux, …), la secte de "l’œuf éternel" et d’autres qui se contemplent le nombril, "Le Club des Timides" qui drague sur les Champs-Élysées, un sous-marinier adepte de l’apéro sous la Seine, un sauvetage (suivi d’une hilarante réanimation par la brigade fluviale), les clochards des Halles, un train-fantôme érotique, un restaurant tenu par des gitans et où l’on y mange du couscous d’écureuil et des chauves-souris à la manouche, sans oublier une surprenante chasse à courre (où l’on ne chasse pas le chevreuil mais les jeunes demoiselles).
Bref, vous l’aurez compris, on n’est pas à l’abri de nos surprises, oscillant entre scènes absurdes ou choquantes, une chose est sûre, après ce film, vous verrez dorénavant d’un autre œil votre pompe à vélo
(on y apprend notamment comment dépecer un hérisson avec cette dernière).
Paris secret (1965) est une œuvre introuvable sur support (seules subsistent quelques bobines 35mm inexploitables). La version qui été présentée à L’Étrange Festival 2022 est un scan 2K des négatifs originaux (merci Sylvain Perret), avant qu’une version DVD ne voit le jour d’ici quelques mois, grâce aux bons soins de Gaumont Vidéo.
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