Pour être tout à fait honnête, je connais mal le cinéma de Wim Wenders. Je n'ai vu que quelques films du cinéaste et pas forcément les plus connus. C'est donc sans trop savoir à quoi m'attendre que je me laisse happer par ce qui est considéré comme un de ses chefs-d'oeuvres, Paris, Texas.
Palme d'Or à Cannes en 1984, Paris, Texas est avant tout une errance. Celle d'un homme paumé, porté disparu depuis belle lurette et hanté par ce qu'il a raté, par son amour pour sa femme et par l'homme qu'il a été. Un personnage complexe et fascinant, fracassé et momentanément mutique, mais dont la fuite en avant reste avant tout universelle et touche immédiatement le spectateur au coeur. Harry Dean Stanton prête ses traits fatigués à cet anti-héros quasiment de tous les plans, livrant une de ses plus belles prestations.
Naviguant sans cesse entre la beauté des grands espaces et l'étouffement des buildings, Paris, Texas est un voyage au coeur d'une Amérique que l'on fantasme depuis nos premiers westerns, mais qui se dévoile à nos yeux dans toute son amère réalité. Epaulé par la magnifique photographie de Robby Müller, Wim Wenders esquisse des images absolument sublimes, chaque plan étant digne d'une véritable toile de maître, convoquant aussi bien John Ford que Edward Hopper.
Hanté par la guitare de Ry Cooder et par la présence évanescente de Nastassja Kinski (qui n'apparait que tardivement), Paris, Texas est un road-movie lancinant et exigeant, une émouvante love story manquée et à fleur de peau, tout autant qu'une touchante histoire d'amour filiale entre un père absent et son fils.