Un film simple, beau et poignant. Des dialogues discrets mais d'une grande profondeur, pour des personnages haut en couleur. Un dosage équilibré à la moindre réplique, d'une justesse déstabilisante. Pas un mot en trop. La découverte des sentiments à l'état brut, d'un naturel déconcertant, sur fond de balade hypnotique dans le désert... Préparez vous au grand voyage !


A cette balade onirique et visuellement magnétique (on ne se lasse pas des longues virées dans le paysage désertique, les plans sont saisissants, on reste collé à l'écran), de par sa palette de couleurs très riche, se greffe une certaine réflexion humaine : la question de la parentalité, avec la difficulté d'être parent, ou plutôt de devenir parent, et d'assurer une certaine viabilité à son couple et à son statut de parent. Un couple en péril auquel s'ajoute l'arrivée d'un enfant qui va tantôt chambouler, tantôt tenter de surmonter les problèmes d'un passé passionné et houleux pour le couple. Une réflexion à la fois d'une banalité et d'une complexité sans nom : la scène de fin où les deux parents se retrouvent sans se voir ne nous laissera pas indemne... Tout simplement bouleversant.


Un film qui marque donc, des personnages que l'on croît connaître car ils nous semblent si familiers, on partage les mêmes craintes et les mêmes désirs, on adhère pleinement à leur sensibilité. La difficulté de poser des mots lors de situations compliquées se reflète à travers le personnage du père : on se meut dans le silence et on refuse de verbaliser, comme nous le rappelle Travis dès le début du film, plongé en plein mutisme... Ces personnages, pourtant fictifs, apparaissent comme furieusement réels, ils nous transportent dans leur douce et belle aventure, à la fois profonde et tumultueuse, mais aussi fragile, qui peut flancher à tout moment...


Pour conclure (car on ne se lasse pas des louanges méritées !) : un curieux voyage qui nous transporte à la fois dans le désert et dans les profondeurs de l'humain, au début on ne sait trop où ça va nous mener, mais on se laisse finalement embarquer, c'est agréable et étrange ce goût de l'inconnu... on fait face à un petit ovni qui nous caresse et nous remue l'esprit en même temps, un film hors du temps, atemporel, qui peut nous parler à chacun(e). Laissez-vous (trans)porter, vous ne serez pas déçus...


Parallèle cinématographique ? Paris, Texas, un road movie teinté d'une romance quelque peu bousculée, avec le déchirement d'un couple : semblable au sublime film 37°2 le matin, dans une version plus calme mais tout aussi poétique et tragique, à sa façon !

July-Ane
10
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le 1 mai 2020

Critique lue 262 fois

3 j'aime

July-Ane

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