Paris, Texas fait partie de ces films que je ne prends pas un plaisir fou à regarder, mais dont la beauté et l'intelligence, en tout cas pour moi, se révèlent après le générique de fin. Ce que je retiens, en premier : la pudeur et la justesse des émotions, tant dans la manière dont elles sont jouées que filmées. Pas d'effusion de sentiment, pas la peine. Et pourtant une sympathie spontanée s'installe à l'égard des cinq personnages, qui font tous comme ils peuvent pour composer avec leur place au sein de la famille, les attentes des autres, avec beaucoup de respect et d'affection. C'est très beau à voir. Pas de déchirements et d'ego en compétition, pas de reproches à demi assumés, de mauvaise foi, de non-dits qui se transforment en ressentiment. Sont vraiment forts dans cette famille. C'est dur, mais personne ne chouine.
Le personnage de Travis, quant à lui, est des plus exemplaires en terme d'intégrité et de courage à l'égard de lui-même. Quel homme accepterait d'affronter ses erreurs et ses échecs du passé de manière aussi frontale, alors que son cerveau les avait fait disparaître de sa mémoire durant quatre ans ? Il faut une sacrée conscience de l'autre pour cela...