Une oeuvre humaniste d'exception, à ranger au côté de celles des grands maîtres. Une histoire d'une intelligence rare, avec Shepard au scénario qui traite de son thème favori : la famille déchirée qui essaye de se reconstituer.
Ici Travis est l'homme universel en quête de rédemption. Un peu à la manière des grands chef d'oeuvre, il s'agit d'un homme qui a réussi à dépasser une certaine condition humaine, qui s'est émancipé du désir et des passions rivalitaires. Il établi une relation directe au monde, une expérience qui est vécue dans un but précis et unique, dont il sent qu'il est Vrai ou Bon.
Il veut réparer ce qui a été brisé. Pas un couple, pas son ego (qui au final a presque été dissolu). La vie, telle qu'elle transcende le détail des passions. Il met de côté toute rivalité, et le film évite cette facilité avec brio.
Par exemple lors de son retour chez son frère, qui a adopté de fait le fils de Travis, le film ne tombe pas dans la question du conflit entre Travis et la famille d'accueil de son fils. Les moments d'incertitude, qui dans d'autres films finiraient par être le sujet (Travis laisse son fils sur le parking, va-t-il lui arriver quelque chose ?) ne sont jamais mal exploités. Le film se dirige lentement mais sûrement vers l'émergence, la réalisation, l'apparition de la rédemption. Altruiste, généreuse, et vraie.
Ce film a tendance à faire croire à l'idée de vérité. Ca peut-être dangereux, la vérité étant un concept très ambivalent, mais dans ce cas il possède un aspect inoffensif qui le transforme en poésie à visage humain.