Il est de ces films pour lesquels on attend le moment parfait, les conditions parfaites, comme 2001 ou La liste de Schindler. Paris, Texas a longtemps été pour moi cette femme blonde à l'aura envoûtante jusqu'à ce dimanche de septembre.
Moment où les bribes se sont muées en oeuvre. Et quelle oeuvre ! La Palme d'Or cannoise de 1984 est un road movie énigmatique qui nous transporte dès le premier plan dans une Amérique explicite. Tout du long, la sublime photographie de Robby Müller, la musique lancinante de Ry Cooder et la direction d'acteurs de Wim Wenders sont les réceptacles de l'écriture torturée de Sam Shepard. À l'image du tournage un peu chaotique (voir l'anecdote du réalisateur dans le format Vidéo Club de Konbini), cette histoire raconte un amour destructeur et ses conséquences, avec comme souvent en victime, le fruit de cette passion initiale.
Les seconds rôles sont parfaits et le trio principal sublime l'ensemble. Le mutique Harry Dean Stanton, bête hébétée qui s'offre une renaissance. L'angélique Hunter Carson, image parfaite de ce qui doit apaiser. Et puis que dire de Nastassja Kinski. L'actrice crève l'écran, vous fait tomber amoureux et fini d'assoir ce film comme une oeuvre qui marque.