Le film icône de Wim Wenders ressort sur nos écrans dans une version restaurée, ce fût donc l'occasion d'enfin le découvrir. On y trouve une histoire en pleine prise de la psychologie profonde américaine : la recherche du père, la recherche des ses racines. On nous montre des acteurs convaincants qui incarnent l'Amérique simple, réaliste, des gens qui travaillent, qui vivent en banlieue. Ce qui rend ce film onirique d'autant plus étrange et marquant.
Une des scènes centrales du film est le moment ou toute la famille regarde un film de famille tourné quatre ans avant les évènement qui nous sont racontés.Mise en abîme sur ce qu'il veut faire avec le cinéma : travailler sur les êtres, la famille, la parenté, la paternité, le souvenir. Tout le cinéma de Wenders se résume dans cette scène.
Dans sa technique on perçoit son aspect "photographique" du cinéma, qu'il explorera plus en profondeur encore dans Le Sel de la Terre. Certains plans sont absolument splendides.
C'est aussi la Palme d'or qui annonce la fin des récompenses au cinéma traditionnelle et une ère de films lents à être récompensés plus tard, comme Oncle Bonmee et autres films langoureux ou roumains. Il est pourtant magnifique, maitrisé et s'appuie sur un véritable questionnement mais ouvre la porte également à un genre qui ne cessera de se vider de sa substance. Qui copiera parfois le style d'écriture à la Shepard, au jour le jour. Et surtout sa lenteur de rythme, qui lui sied mais demande d'être en bonne forme pour le voir.
Au final un bon Wenders, très beau et très bien mis en image par Robby Müller mais qui est un peu surestimé notamment par le gratin cannois.