Comme beaucoup j'imagine, je me suis bien fait avoir - dans le bon sens du terme - par le titre à la virgule d'importance ! Mais Paris, Texas n'en demeure pas moins un joli voyage aux couleurs éclatantes et aux sublimes paysages s'étirant à perte de vue...
Car effectivement, la première chose qui fascine devant le film de Wim Wenders, c'est sa beauté plastique. Chaque plan, chaque décor, chaque lumière participe d'un enchantement rétinien de tous les instants. Le problème, c'est que la première heure, en dehors du mystère imposé par cet homme mutique et que nous découvrons haletant à travers le désert, manque franchement de souffle. Les personnages en manquent aussi, et la famille proche de Travis (Harry Dean Stanton) s'avère particulièrement ennuyeuse. Surtout que les dialogues sonnent étrangement plats, comme la musique, répétitive. Alors on se rabat sur la vie passée refaisant surface de cet homme, sur son incapacité à retrouver le sommeil - s'improvisant cireur de pompes la nuit - même si ses phobies peu à peu s'estompent.
"Je n'ai pas le vertige, j'ai juste peur de tomber !"
Le film commence heureusement à s'emballer à la seconde sortie de classe, très mignonne, malgré le constat réaliste de l'importance des apparences. Et c'est un second film, bien plus passionnant, que le road-trip envisagé relance. La relation entre le père et son fils devient particulièrement touchante, même si elle l'était déjà depuis le début. Mais c'est surtout la fameuse scène du peep-show - enfin les deux - qui rendra Paris, Texas inoubliable. Nastassja Kinski et Harry Dean Stanton y tutoient les étoiles du 7ème art, tant par la beauté déchirée de l'une que par le généreux déchirement de l'autre. Avec au centre une fabuleuse mise en scène signée Wim Wenders, à l'image de ce plan des deux visages fusionnant à travers le miroir.
Et leur histoire, nous la connaîtrons enfin... Aussi triste que commune, celle-ci nous révèlera qu'elle
"ne voulait pas se servir de son fils pour combler le vide de sa propre existence", et que lui ne pouvait et ne pourra plus jamais supporter la place du père entre la mère et son fils", mais qu'il lui faut les réunir. Pour aller mieux certainement.
C'est tragique, c'est extrême, mais c'est tellement lucide... Quant à la scène finale, difficile de ne pas s'en émouvoir. Mais voilà, il aurait fallu selon moi raccourcir la première moitié du film, ou du moins l'enrichir, pour que Paris, Texas puisse prétendre au statut de chef-d'oeuvre.
Un bon long road-movie qui roule au diesel, quoi ! :)