Un film vu après la lecture de l'élogieuse critique de Philistine que je vous recommande, notamment sur tout ce qui concerne la nouvelle vague sur laquelle elle est manifestement plus au point que moi. Voici ma réaction à ce film de Jean Rouch : et bien j'ai bien aimé, dans l'ensemble, et notamment la deuxième partie et la fin pour le moins brutale.
J'ai bien aimé cette façon de rentrer dans la vie d'un couple, dans laquelle on entre en quelque sorte par la fenêtre avec le bruit des travaux puis on est là, quasiment à table avec eux au petit-déjeuner, bien installés comme des voyeurs, à épier leur conversation et leurs moindres réactions.
J'aime bien cette immersion, les mouvements de caméras opportuns, un gros plan sur la fille quand elle parle de ses rêves, des mouvements plus saccadés quand le ton monte.
J'aime bien aussi les sujets évoqués par le film, les questions qui se posent à chacun d'entre nous : évoluer en écrasant les autres ou pas, se contenter d'une vie routinière ou partir à l'aventure, etc.
En revanche, les dialogues sont inégaux et pas toujours inspirés, du genre :
« - Y a deux types d'hommes, ceux qui se font toujours avoir, et les autres.
- Moi je préfère être couillonné que couillonneur »
On a des phrases définitives du genre « tu vois c'qu'y a de terrible dans le mariage, c'est qu'on peut pas s'isoler » ou d'autres meilleures qui font davantage sourire : « y en a des milliers comme toi plus bas rue Saint-Denis ».
Point faible du film, l'interprétation de Nadine Ballot et Barbet Schroeder, qui manquent de conviction et ne parviennent pas toujours à trouver le ton juste. Je trouve qu'ils sont trop dans la retenue lors de leur dispute, notamment quand elle le traite de minable et lui de petite conne. Seul Gilles Quéant est parfait dans son rôle.
Bref, un film sympathique et agréable à voir, qui flatte notre penchant au voyeurisme et fait preuve d'une réalisation intéressante avec deux longs plans séquence.