Aux USA,un exécuteur testamentaire veut retrouver l'héritière d'une richissime personne décédée.Il décide de mettre en concurrence deux agences de détectives privés,et celle qui lui ramènera la fille sera royalement payée.Deux binômes d'enquêteurs se rendent donc en Italie car ce qu'on sait de l'objet des recherches est que c'est une nana de 23 ans vivant en Sicile,nommée Laura Pisani et qu'elle est dotée de trois grains de beauté sur la fesse droite.Bon,à ce stade le spectateur mâle et lubrique commence à se réjouir car il se dit qu'il va assister à un spectacle inédit:la vision du postérieur de Dalida,qui incarne la donzelle en question,enfin au moins de la fesse droite.Puis très vite l'esprit du mâle lubrique se rembrunit car il n'est pas qu'un gros obsédé.C'est aussi un cinéphile réaliste qui se doute que dans un film tout public de 1961 on a peu de chance de mater du cul,et encore moins celui d'une chanteuse en vogue pas vraiment réputée pour ce genre d'exhibition.Et il a hélas raison,le cinéphile réaliste,car la belle restera sagement couverte.Cette comédie doublée d'un film musical est surtout un véhicule pour Dalida,vedette de la chanson depuis la sortie de "Bambino" en 56.Egyptienne d'origine italienne,Iolanda Gigliotti avait tourné quelques films en Egypte avant d'émigrer en France et d'y devenir une vedette de la chanson.Son statut de star lui permettra de tourner quelques oeuvrettes musicales en Italie dans les années 60 avant qu'elle n'abandonne cette carrière pour se consacrer exclusivement au chant.Elle effectuera toutefois un bref retour au cinéma et à l'Egypte en tenant en 86 le premier rôle dans "Le sixième jour" de Youssef Chahine.Ici c'est Giorgio Simonelli qui officie derrière la caméra,un gars qui a usiné des dizaines de séries B dans divers genres,sans qu'aucune ne reste dans les mémoires.La belle photo lumineuse,c'est en couleurs,est signée Bitto Albertini,et Carlo Savina a composé une entraînante musique style canzonetta.L'assistant habituel de Simonelli est de la partie,il s'agit de Nick Nostro qui réalisera cinq ans plus tard le mythique "Superargo contre Diabolikus".On trouve parmi les scénaristes Ernesto Gastaldi,qui n'en était qu'au deuxième script d'une prolifique carrière dans le bis rital,il écrira notamment "Le corps et le fouet" de Bava,"La dixième victime" de Petri,"Mon nom est personne" de Valerii ou "La rançon de la peur" de Lenzi,son domaine de prédilection étant le giallo.En 61 il était encore un peu vert et ce "Parlez-moi d'amour" déroule péniblement une histoire sans queue ni tête truffée d'incohérences,de gags stupides maladroitement agencés,de personnages aux comportements ineptes et de dialogues d'une sidérante imbécilité.Dans ce bourbeux contexte les comédiens,pourtant bons à l'origine,sont généralement condamnés à un surjeu parfois insupportable.Mais ce qui importe réellement est la promotion de la star Dalida,qui entre deux épisodes de burlesque raté vient nous goualer une chanson sur fond de belles images ensoleillées shootées de Naples à Capri en passant par les ruines de Pompéi.Elle le fait très bien d'ailleurs,justesse et voix puissante,et il faut reconnaître que ces intermèdes musicaux sont habilement intégrés à l'évolution de son personnage qui part d'une roulotte de gitane pour finir dans un nightclub huppé.Les titres choisis sont essentiellement des reprises,l'artiste en a collectionné beaucoup sur son parcours,et l'on entend "Les gitans","Itsi bitsi petit bikini",chanson américaine beaucoup reprise,notamment en France par Dalida mais aussi Richard Anthony ou Johnny Hallyday,,une version en italien du "Milord" d'Edith Piaf,le classique rital "O sole mio","Le bonheur vient me dire bonjour",et bien sûr la chanson qui donne son titre au film,"Parlez-moi d'amour",créée en 1930 par Lucienne Boyer.Dommage toutefois que les lèvres ne soient pas synchros avec le playback.A part ça Dalida l'actrice est étonnamment bonne dans ce rôle de bohémienne au sang chaud mais au coeur tendre.Changeant de tenue à chaque scène,elle est foutrement belle dans l'éclat de ses 28 ans,et elle restitue avec talent et émotion les errements sentimentaux d'une femme farouche prise au piège de l'amour et confrontée à la dureté et aux trahisons d'hommes manipulateurs,un emploi finalement proche de ce qu'a été sa vie privée.Son amoureux est Jacques Sernas,bellâtre assez fade qui a essentiellement oeuvré dans le bis italien bien qu'il soit un Français d'origine lituanienne.Le duo de détectives magouilleurs et déloyaux est formé du Français Raymond Bussières,marrant en alcoolo pas malin,et de l'immense Mario Carotenuto,second couteau de luxe du ciné transalpin.On voit aussi passer la plantureuse Moira Orfei,actrice et artiste de cirque,et le chanteur et musicien Peppino di Capri,célèbre en Italie et ici accompagné de son orchestre.Les auteurs ont également essayé d'introduire ça et là des personnages insolites,hélas mal écrits,avec un boxeur malingre et mari jaloux,un membre de l'Armée du Salut intéressé par l'argent,une Laura Pisani débile inséparable de son canard en plastique flanquée de sa vieille tante opportuniste et nympho,un guide touristique imperturbable ou un commissaire de police dépassé par les évènements.