Mauvais crachin

Ce film fait partie de mon rattrapage culture" version "un réalisateur = un film."

Scénario :
Ce film ne parle pas de la pluie. Il fait même plutôt beau dans ce film. Il ne parle pas de la chanson de Georges Brassens sur la femme du marchand de paratonnerre, qui commençait par "parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps." D'ailleurs comme pour narguer tout le monde, le film utilise comme leitmotiv une reprise des "Passantes" du même Georges Brassens. Si ça c'est pas du foutage de gueule.

En fait, ça parle de Jean Pierre Bacri qui fume trop de pétard avec Jamel Debbouze. Du coup, ils partent sur l'idée de faire un reportage sur les femmes au tempérament fort et notamment une politicienne incarnée par Agnes Jaoui qui doit passer quelques jours dans le coin dans sa famille avant son meeting. Ils demandent à l'interviewer. Évidemment ça ne se passe pas comme prévu. Évidemment, comme dans une comédie signée Bacri/Jaoui, des personnages qui n'avaient rien en commun vont se croiser et cohabiter. Et ils vont tenter de sortir un peu leur vie de couple du marasme. Mais ça marche pas trop. Un peu comme ce film.

En tant que sujet d'étude :

"Parlez moi de la pluie" est le film que j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Agnes Jaoui et Jean Pierre Bacri. Car il y avait un temps où chaque film écrit par eux était l'annonce d'un excellent film.

Je me souviens avoir vu à la télévision Cuisine et Dépendance et Un Air de famille qui bien qu'ils soient des adaptations de pièces de théâtres, étaient de bons films, avec des personnages bien plantés, plutôt bien écrit, des bons acteurs et des effets de mise en scène plutôt réussis. Il y a aussi le conceptuel Smoking/No Smoking à la fois ludique et un peu chiant qui était assez étrange et difficile à classer. Pour moi, leur cinéma atteint leur apogée avec On connait la chanson où Alain Resnais semble bien s'amuser avec l'idée de départ et offre un film à la fois bien écrit ET bien réalisé. Puis, ils ont cessés de travailler avec d'autres réalisateur et a confier la réalisation à Agnes Jaoui et c'est pour moi, là que ça pêche tandis que d'autres trouvent que c'est plutôt Le Goût des Autres qui est leur meilleur film.

En tout cas, j'ai commencé à être déçu en voyant Comme une Image que j'ai trouvé "plutôt convenu" et moyennement convaincant. J'ai peur qu'avec le temps, il y ai une "formule Bacri/Jaoui" avec des personnages au caractère bien trempés qui sont mis dans une situation où ils sont obligés de se croiser, ce qui fini forcément par faire des étincelles. On sent d'ailleurs leur scénarios très influencés par le théâtre, ce qui force parfois à avoir une forme d'unité de temps ou de lieu parfois un peu artificielle. Et y a souvent Jean Pierre Bacri dans le rôle d'un type fort en gueule et Agnes Jaoui dans le rôle d'un personnage cynique.

Mon avis personnel :

Je suis méga déçu. Alors, certes, on voit qu'ils ont essayés de sortir de leur zone de confort en mettant Bacri dans le rôle d'un mec bien moins raleur que d'habitude et plutôt maladroit. Idem pour Agnes Jaoui qui tente un truc pour éviter de jouer l'éternelle trentenaire cynique ou Jamel Debbouze qui ne peut plus faire indéfiniment le jeune de banlieue. (Mais qui joue un rôle proche de celui que jouait Bacri avant.) Tenter alors de proposer des rôles neufs pour ces trois comédiens et de faire en sorte que ça aille en dehors des clichés en proposant à l'un, celui d'un documentariste sur le retour un peu rêveur, à l'autre celui d'une militante féministe un peu larguée par sa nouvelle carrière politique et au dernier celui d'un prolo ordinaire travaillant comme receptionniste et caméraman amateur.

Mais bon, trois personnages pour porter un film, c'est maigre, d'autant plus que le reste des personnages est soit très cliché, soit très tête à claque et joué par un casting plutôt.... plutôt... mouaif. Ca n'aide pas, d'autant plus que les personnages principaux ne sont pas si attachants que ça et qu'il arrive qu'on ai envie de les baffer.

La temporalité est quant à elle plutôt raté, on a parfois l'impression que certains trucs sont éludés en 2 scènes (la relation entre Michel et Florence qui passe en une scène de "je t'ai embrassé fougueusement parce que ça va pas " à "j'ai envie de te suivre et de changer de vie" ) tandis que d'autres auraient gagnées à être abrégées et dans le fond, le film peine à convaincre. Alors, certes, il y a une bonne idée relativement féministe (montrer des femmes plutôt sûre d'elles et des hommes paumés et fragiles) de bonnes phrases, de bons mots, des situations où j'ai pouffé de rire, notamment lorsque ça parle de tournages ratés basés sur de bonnes idées (ha ha, se dire qu'on va filmer un personnage en haut d'une colline... quel idée super sur le papier et totalement sans intérêt.) mais dans l'ensemble, j'ai eu l'impression qu'il manquait des bouts, je n'ai jamais réussi à rentrer dans le film et eu peu d'empathie pour les personnages, notamment le personnage de Jamel.

Et surtout niveau réalisation, ça ne dépasse jamais le niveau "téléfilm" : les plans se suivent les uns les autres sans vraiment d'inventivité. Il y a quelques jolis décors de provence, mais ils sont filmés sans trop d'inventivité.

Bref, c'est vraiment le moins bon film du duo Bacri/Jaoui et j'ai l'impression du syndrome du film de trop. Ça m'embête vraiment pour eux, étant donné que j'ai pas vu les trois films suivants.