L’Amour avec un grand A

École (prestigieuse) des Sciences politiques de Paris : un candidat est reçu par un jury composé de trois personnes, deux hommes et une femme. Il va avoir dix minutes pour convaincre ce jury, sur un sujet qui va lui être donné. Il s’agit donc d’une épreuve orale déterminante qui a lieu dans une pièce meublée à l’ancienne (on sent un long vécu), et il fait face à un jury qui se trouve à des mètres de lui, à l’autre bout de la table. Le jury fait preuve de solennité et le candidat (qu’on voit tardivement), est un jeune homme stressé qui observe la scène avec angoisse, l’œil sur le sablier qu’un des membres du jury va retourner immédiatement après que le sujet ait été annoncé.

Le titre du court métrage ne laissant aucun doute là-dessus, le sujet tel que l’annonce le jury est le suivant :
« Parlez-nous de l’Amour ! »

Le réalisateur du film, Mathieu Zeitindjioglou, s’amuse beaucoup de cette situation. Il joue avec le stress du candidat, complètement désarçonné par ce sujet totalement inattendu. Une longue réflexion amène le jeune homme à jouer son va-tout quand les membres du jury lui rappellent que le temps passe.

Le film propose donc, en cinq minutes, un moment où les surprises s’enchainent pour le plus grand plaisir des spectateurs. D’abord, la mise en scène établit parfaitement les conditions particulières de l’épreuve. La caméra capte bien le stress du candidat et les prises de vues mettent en valeur le cadre solennel renforcé par l’attitude on ne peut plus sérieuse du jury. Même l’usage du sablier colle avec cette ambiance qui cherche à faire sentir le poids des traditions. Quelques gros plans montrent les manifestations du stress du candidat et le temps qu’il perd à reprendre ses esprits et s’accrocher désespérément à ce qui lui vient en tête. On comprend comment et pourquoi il va trouver l’inspiration pour une réponse improvisée. Une éloquence qui peut lui laisser une chance d’impressionner favorablement le jury. D’ailleurs, on voit les regards éloquents que ces trois-là échangent. Bien entendu, puisque le candidat a longuement hésité, les dix minutes passent à une vitesse folle.

Arrive la chute, quand le candidat sort de la salle. Fou-rire assuré !