Ca commençait plutôt bien, encore qu'on sent tout de suite que la réalisation est en demi-teinte. Le réalisateur, Didier Bivel, après l'échec de son premier film, s'est rassuré dans le fonctionnariat salvateur, de la télé bienveillante où les directeurs de programme ne cherchent plus qu'à meubler !
Mais ce n'est pas encore le pire, car Gianguido Spinelli, et Gilda Piersanti nous pondent un scénario consternant du niveau intellectuel de l'école primaire ! Truffé d'erreurs, d'invraisemblances, de non-sens : pitoyable ! On se demande si les responsables de programmes visionnent ce qu'ils nous infligent sur le petit écran...
J'exagère ? Voici des exemples :
Laura, commissaire-priseur (et non priseuse : le sens neutre existe encore en orthographe. Le médecin femme n'est pas une médecine que je sache !) vient de se faire violer, et ramasse tranquillement ses petites affaires, et annonce à son agresseur qu'elle va porter plainte, avant de se raviser parce qu'il lui fait avaler que ce sera sa parole contre la sienne) Bon, je n'ai encore jamais été violé mais il me semble que la première chose que je ferais serait de m'enfuir illico chercher du secours et du réconfort, et non tailler une bavette avec le criminel ! J'ouvre une parenthèse à l'intention des victimes : parole contre parole ? Pas forcément : le type a peut-être des antécédents ? Et s'il n'en a pas, il va être créé et le violeur méfiant ne fera peut-être plus de victimes ? Ce qui aura servi à quelque chose.
Ensuite,Laura va savourer sa vengeance en réfurtant l'alibi de son violeur. Moment jouissif pour elle et pour nous ! Mais rappelons-nous que c'est à l'accusation de prouver une culpabilité, et non comme ici, à l'inculpé de prouver son innocence ! Et ici le type serait inculpé parce que sans alibi ?
Au contraire, un bon avocat expliquera que les coupables se créent toujours des faux témoignages !
Vous en voulez encore ? Le violeur, prétendu assassin de sa femme, mandate son avocate pour attirer Laura dans le pîège d'une fausse expertise de tableau, sur le lieu même où elle a été violée. Paradoxalement, l'endroit n'a pas été mis sous scellés et l'avocate (et bien d'autres) pénètrent le domicile du galeriste (et galérien) comme on entre dans un libre service ! Et là, l'avocate offre de l'argent à Laura pour qu'elle modifie son témoignage ou lui prédit de graves représailles ! Bref, elle veut l'acheter !
Bon, subornation de témoin, menaces à son encontre, est-ce admis par l'ordre des avocats pour "blanchir" un accusé ? Personnellement, je serai retourné voir le juge instruisant l'affaire pour l'informer de ces pressions !
Encore une ? lors du viol, la nana perd une bague qui va se loger sous un meuble du lieu de son viol.
Or un flic la suit sans cesse comme une mouche attirée par une bouse de vache : z'ont que ça à faire dans la police, pister les témoins ? Laura Lors de son expertise de tableau récupère sa bague compromettante, ce que va constater plus tard le fameux flic ! Le policier devait mettre sous scellé la bague et ne pas tendre de piège à un témoin de sa propre initiative : c'est le vice de forme assuré !
Je termine : Laura affirme ne jamais avoir suivi son violeur au domicile de celui-ci. On se demande pourquoi le juge instructeur n'a pas procédé à une perquisition pour voir si elle n'avait laissé ni empreintes, ni ADN, et que l'avocat-défenseur ne l'ait pas réclamée !
Bref, ce scénario n'est pas cousu de fil blanc mais de haubans de pont suspendu !
Les comédiens, plutôt bien choisis, ont bien du mérite à défendre ce tissu d'âneries. Elsa Lunghini est excellente, et pas usée par des rôles antérieurs comme Sara Martins, éternelle gendarmette ici utilisée en copine de Laura. Mais François Vincentelli, toujours crédible dans ses rôles, fait un excellent numéro mais de plus courte durée puisqu'il est assez vite embastillé...
Si ce navet a pu susciter de l'intérêt de par le thème qu'il développe, l'étude de caractères ferait doucement rigoler un psy en première année d'études ! Même chose pour le polar ! Les deux pseudo-écrivaillons sont loin d'un Boileau-Narcejac ! Ce film a été tourné en 2016 et attendait au frigo de France 2 : la chaîne aurait-elle hésité à le diffuser !
France 2 le 02.05.2018- France Ô le 26.05.2018 (déjà !)