Idée très intéressante, même si l'occasion doit rarissimement se présenter : une femme violée décide ne pas porter plainte afin que son agresseur soit accusé d'un meurtre qu'il n'a pas pu commettre puisqu'il était avec elle à ce moment-là... L'occasion d'offrir plusieurs scènes et situations intéressantes, la personnalité relativement complexe de l'héroïne ou le fait qu'elle ne soit pas si sympathique l'étant encore plus. Sans être géniaux, les personnages secondaires ont un vrai rôle à jouer, leurs interprètes (notamment la bande de copines) faisant preuve d'une belle énergie.
Si l'intrigue policière est mal intégrée et finalement peu captivante, voir cette femme s'enfermer dans une logique dévastatrice psychologiquement pour elle est assez fort, montrant à quel point la vengeance peut être parfois vaine. Son dilemme est à la fois compréhensif et cruel, sans pour autant minimiser sa part de responsabilité dans son comportement. Hélas, cela se gâte fortement dans la seconde moitié : entre réalisation pachydermique, trauma envahissant histoire de bien nous faire comprendre à quel point le viol est ravageur pour celles l'ayant vécu, prise de conscience en bonne et due forme...
Toute l'originalité, voire la relative subtilité montrée jusqu'alors disparaît presque complètement pour laisser place à un discours beaucoup plus consensuel et prévisible, même s'il est moralement inattaquable. Une belle satisfaction, quand même : la prestation de la très belle Elsa Lunghini, faisant preuve d'une présence et d'un charisme étonnant pour ce type de productions : un vrai rayon de soleil. Bref, bon sujet, première partie réussie, seconde beaucoup moins et excellente actrice : voilà comment pourrait-on résumer « Parole contre parole », fiction finissant par céder à la facilité tout en se plaçant nettement au-dessus de la moyenne hexagonale : malgré l'inévitable frustration, ça se tente.