Prenez une dose de Delon faisant du Delon, ajoutez-y un soupçon de Bébel, une pincée de Bronson, et vous obtenez l’esprit recherché par ce film qui rencontra un joli succès à sa sortie, fut vilipendé par la critique et qui est aujourd’hui considéré comme un nanar. Drôle de trajectoire en effet qui raconte aussi comment le cinéma policier ou d’action français des années 80 se retrouva rapidement ringardisé. Tous ces films qui réinventaient le polar américain des années 70-80 avec ses banlieues mal famées, la montée de l’extrême droite, une police aux procédés discutables, le tout emballé dans une ambiance un peu glauque (Urgence, Tir groupé, L’Arbalète, etc.) sont aujourd’hui presque tous rangés dans la catégorie, au choix, des nanars ou des navets. À la fin des années 80 déjà, tous ces films étaient déjà méprisés. À juste titre pour un certain nombre d’eux même si tous n’étaient aussi mauvais que ceux qui trainaient dans les bacs à soldes.
Parole de flic n’est pas, à mes yeux, le nanar que sera Ne réveillez pas un flic qui dort, sorti trois ans plus tard, avec la même équipe. Certes, tout est caricatural et gravite autour de la personne d’Alain Delon mais l’ensemble se tient plutôt pas mal. Perché entre Un Justicier dans la ville 2 et Magnum force, Delon montre qu’à cinquante balais, il présente encore bien et est parfaitement crédible pour les scènes d’action. Ceux qui ne l’aiment pas trouveront que ce film tout à sa gloire est insupportable ou risible. Presque de toutes les scènes, filmé régulièrement en gros plan, tombeur de minettes, amuseur d’enfants, cogneur avisé, dompteur de magnum façon Clint, c’est certain qu’aucune qualité ne semble lui manquer. C’est évidemment « too much » mais sa vengeance vaut celles de bon nombre de ses contemporains américains.
L’ensemble est mené sur un rythme efficace avec des scènes d’action globalement bien fichues. L’ambiance du film est clairement ancrée dans son époque (musique pas toujours très heureuse entre synthé old school et saxo dégoulinant, look improbable, discours schématiques et fachos de pacotille) mais cela se présente comme un témoignage amusant de l’époque. On regrette que le résultat soit gâché par une réalisation impersonnelle et des dialogues totalement creux qui embarrassent plus qu’ils ne servent des acteurs très clairement en difficulté. Je conserve cependant une réelle sympathie pour ce film qui a bercé ma jeunesse.