Il marque à lui seul un renouveau du cinéma français incarné par beaucoup d’étudiants de la Fémis dont est issu Claire Burger et Samuel Theis, tous deux nés à Forbach. Amis d’enfance, ils se retrouvent dans ce projet qui nous présente la vie de la mère de Samuel Theis, Angélique Litzenburger, personnage romanesque qui enchante l’entièreté de ce film. Sa particularité réside dans son casting : aucun acteur n’est présent si ce n’est Samuel Theis lui même qui joue ici son propre rôle à savoir Samuel Theis le fils d’Angélique. Il a déjà endossé ce « rôle » dans son court métrage Forbach qui nous présentait une partie de sa famille. Tous les autres « personnages » si l’on peut les nommer ainsi sont des personnes qui jouent leur propre rôle. Là réside toute la beauté et la puissance du film. Angélique crève l’écran, exubérante dans un style baroque, elle apparaît dans le film comme dans la vie : sauvage, généreuse et mal élevée.


La musicalité de la langue, la chanson éponyme de China woman et les nombreux moments de silence participent pour beaucoup à l’ambiance très particulière du film.


Les acteurs ne sont pas dans la maîtrise, ils restent eux même ; est là toute la force du jeu d’acteur et des réalisateurs qui ont perçu cette finesse et cette grandeur à travers l’œil de la caméra. Auparavant en couple, Claire Burger et Marie Amachoukeli travaillent communément sur ce projet. Samuel Theis dirige le jeu de sa propre mère qui se transforme en personnage fictionnel, filmée dans son quotidien ordinaire et entourée de ses enfants. Tout se mêle et se mélange dans ce film, la vie, le réel, le cinéma, et les belles images qui permettent de poétiser et de sublimer tout ça. N’est-ce pas ça le cinéma ? Porter un regard enchanteur sur les choses de la vie ? A la frontière du documentaire et de la fiction, ce film est enchanteur, plein de tendresse et de douceur. A travers la vie et la personnalité fantasque d’Angélique, c’est aussi le portrait d’une héroïne ordinaire, touchante à travers ses faiblesses, c’est aussi la relation d’une mère avec ses enfants qui n’est pas toujours évidente, la peur de vieillir, l’appréhension d’être seule arrivée à la soixantaine, et puis le regard qu’on peut porter sur soi quand on a travaillé des années comme entraîneuse dans un cabaret.

L_esperluète
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le 9 févr. 2018

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