Inédit dans les salles françaises, malgré une pluie de prix au Goya 2012 : meilleur film, réalisateur, acteur, scénario, musique et montage. Pas de répit pour les salauds est un film policier espagnol datant de 2012. Il met en scène un inspecteur alcoolique, au bout du rouleau, dérapant un soir de beuverie excessive. Un acte qui va avoir des conséquences inattendues.

L’inspecteur Santos (José Coronado) est une sorte d’anti-héros, dans le côté le plus obscur de ce terme. Un homme qui ne se ressemble en rien à un policier, ni dans l’attitude, ni dans l’apparence. Il a le cheveu gras, la barbe éparse, le regard vitreux, les vêtements dépareillés pas repassés. C’est un déchet humain, il n’a ni famille, ni amis et passe ses nuits à errer de bars en bars, enchaînant les rhum/coca, jusqu’à la fermeture des bars. Dans ce contexte, sa vie ne pouvait que prendre un mauvais chemin.
On a aucune empathie pour cet homme, ni pour aucun autres personnages. C’est assez froid, au point de ne pas rendre intéressante cette affaire. Du moins, jusqu’à ce que celle-ci, débouche sur d’autres affaires. Ce changement rend l’histoire plus passionnante, on se retrouve avec de multiples pistes, sans que l’on perde le fil en cours de route. L’inspecteur Santos restant le fil rouge, ou vient s’emmêler la juge Chacon (helena Miquel) et son ancien collègue Leiva (Juanjo Artero). Ils vont jouer au chat et à la souris, pendant que d’autres dansent autour, on a l’impression de se retrouver dans une animalerie, assez sauvage.

Cette violence est le fait des hommes, de ce mâle dominant voulant à tout prix imposer sa loi. L’Espagne est un pays multiculturelle, sa langue est universelle. De ce fait, on croise des colombiens, tout comme des marocains, venus apporter leurs vices et convictions à un peuple ibérique, qui en nourrissait déjà trop en son sein. On pourrait craindre une attaque envers les communautés immigrées, mais les espagnols sont aussi mis à mal. Le soleil frappe t’il trop fort ? La chaleur est-elle trop étouffante pour eux ? Quoiqu’il en soit, elle semble attiser les tensions entre les hommes.
Dans cet univers machiste, la juge Chacon semble seule, mais en apparence. Elle mène de front son travail et sa vie de famille. Elle a su concilier les deux, pendant que les hommes autour d’elle, n’ont pas réussi cela. Ils ont une vie chaotique, elle a une vie stable. Ces hommes semblent être seulement capable de détruire, au lieu de construire, à la différence de la femme.

Le réalisateur Enrique Urbizu filme l’errance de son héros, en toute sobriété. Il reste en retrait, en créant une distance, conférant au film, un calme apparent, avant une explosion de violence, mal maîtrisé. Une histoire plus intense dans sa seconde partie, avec un suspense devenant plus prenant.

Pas de répit pour les salauds ne révolutionne pas le genre, le personnage de l’inspecteur Santos ne joue pas à fond la carte du salopard. le film démarre fort, avant une longue traversée du désert, pour revenir plus fort. Mais cela ne sauve pas l’histoire, plutôt dense, mais n’exploitant pas assez ses diverses intrigues.
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le 9 mars 2015

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Laurent Doe

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